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Néron
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Dulcia Da Monti Empty Dulcia Da Monti

Sam 23 Nov - 16:19


« Que Dieu m'en soit témoin…


Que Dieu m'en soit témoin ! Ils ne me jetteront pas à terre.


Je survivrai à tout ça et quand ce sera terminé, je ne connaîtrai jamais plus la faim. Non, ni aucun des miens !


Dussé-je mentir, voler, tricher ou tuer… Que dieu m'en soit témoin, je ne connaîtrai jamais plus la faim ! »



  • Nom:Da Monti
  • Prénom: Dulcia
  • Sexe: Femme
  • Âge: 16 ans
  • Lieu de naissance:Serendia
  • Profession: Courtisane



HISTOIRE

On sait peu de chose sur le passé de Dulcia et les conditions qui l'ont emmené à devenir courtisane, et elle n'en parle jamais elle même. Il est possible néanmoins de retracer une partie de son histoire. Elle est probablement née au sein de la famille Da Monti. Le particule ici, ne fait nullement référence à une quelconque noblesse et vient selon toute vraisemblance du nom des coteaux de vignobles sur lequel était installé sa famille. Il est fort probable que ses parents aient été des propriétaires terriens, vivant confortablement des produits du vin sérendien, jusqu'à la guerre. Elle tiens sans doute à sa condition moyenne, ni pauvre ni riche, d'avoir au moins pu accéder à la lecture d'ouvrages ainsi que la musique, ce qui va par la suite, considérablement influencer le choix de son cheminement


La seule mention que Dulcia ait faite de sa famille concerne l'existence de deux frères et une sœur, bien qu'elle n'ait jamais précisé qu'ils soient encore en vie.


Quoi qu'il en soit, il est probable que la sérénité de son enfance ait pris fin soit avec la guerre contre Calphéon, soit par l'entremise des rebelles sérendiens. Le flou autour de cet événement reste complet. Mais il semble clair qu'il ai jeté la jeune femme dans la misère. Si on n'a aucune idée sur les membres de sa famille ayant potentiellement survécu à cet épisode, on sait de la jeune femme, qu'elle a fait le serment devant Elion, de se sortir de sa condition misérable par tous les moyens, ce qui va teinter le reste de la vie de Dulcia de cette couleur de lutte permanente, ce bras de fer qu'elle livre entre elle et le cour des choses.


Refusant l'idée de se marier pour se retrouver à la solde d'un époux afin de pouvoir manger (ce qu'elle décrit elle même comme la seule véritable prostitution des femmes), elle choisit à seize ans, de devenir courtisane, considérant que son érudition lui permet une toute autre liberté que les simples liens du mariage.


Avec son amie Valentinna (même si elle n'a pas toujours conscience de l'affection réelle qu'elle porte à sa "soeur", pouvant parfois se montrer dure avec elle), une autre courtisane de son âge, elle vont se promettre mutuellement de grimper les marches de la fortune et de la gloire, seules façon pour les deux filles de prendre leur revanche sur la vie.





PSYCHOLOGIE



Dulcia est une jeune adolescente serendienne dont la caractéristique première est de posséder une passion dévorante de la vie et un amour profond de la liberté et de l'indépendance. Tantôt insouciante, tantôt capricieuse et manipulatrice, elle est d'un tempérament enjoué qui peut aisément passer d'une douceur sereine à une explosion de colère intempestive, propre au caractère rebelle des gens de la région.


Elle est surtout animée d'une détermination farouche, que l'on retrouve parfois dans comportement des gens ayant été marqués par la guerre. Dulcia se montre excessive en toute chose, avançant sur les objectifs qu'elle se fixe avec entêtement, sans attendre personne.



Cette façon, parfois égoïste de voir les choses, est néanmoins l'une des force de son amitié. Car si la jeune femme, n'agit pas toujours dans l'intérêt des autres ou par la marque d'une affection débordante, sa capacité à se sauver elle même et à se relever sans cesse de ses mauvais pas, la pousse à tirer derrière elle ceux qui lui sont attachés, avec une volonté insatiable.


Dulcia n'aide pas ses proches par des gestes de bontés mais par sa capacité à encaisser les épreuves pour eux avec une constance surprenante.



La précocité de son âge et l'immaturité qui en découle, deviennent des remparts derrière lesquels l’adolescente avance, muée par une insouciance aveugle qui lui permet d'aller au devant des problèmes sans les craindre. Dulcia est typique de ces gens passionnés qui, vagues après vagues, s'écrasent contre les murs jusqu'à les faire céder à leur volonté, ouvrant les brèches béantes pour ceux qui la suivent, dans son désir permanent d'avancer, que rien ni personne ne saurait freiner.



Son entêtement et les revers de la vie, ne lui accordent pas toujours le temps de se rendre compte de l'affection réelle qu'elle porte à ceux qui lui sont proches, mais la pugnacité de sa lutte contre la fatalité en font une personne attachante et parfois touchante.


La réalité est que Dulcia est encore une enfant que chaque pas rapproche d'un âge adulte dans lequel elle à été jeté trop tôt et qui lui font prendre conscience, à chaque revers, de l'importance véritable des gens qu'elle aime.



 


INSPIRATION DU PERSONNAGE


Ou la naissance d'une courtisane


(Vous aurez du coup, reconnu la citation du début)




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Sam 23 Nov - 16:20
Dulcia Da Monti Bonifazio_dives1
LA POÊTESSE
Dulcia est aussi connue, au delà de sa vie de courtisane, pour ses diverses œuvres qu'elle commence à publier à l'âge de seize ans, dès 285, sous le nom Da Monti alors même que Calphéon est secouée par l'affaire dites "Cortesi" à laquelle la jeune courtisane semble avoir été mêlée. C'est dans ce climat de scandales et de règlements de comptes, dans le Calphéon de cette époque, que la jeune femme composera principalement des poèmes et des œuvres musicales, bien qu'elle s'essaiera à l'écriture de pièces de théâtre ou d'essaie plus politiques.
L'un des exemple de l'oeuvre de Dulcia, est SERENDIA, composé en 285 et figurant dans le recueil dit "Da Monti".
La jeune femme, par des vers aux pieds calibrés, y fait l'éloge de son pays natal et de l'éloignement auquel la contraignait sa vie de courtisane, bien que certain y voient là, une allégorie traitant en vérité d'un amant qu'elle aurait rencontré à Serendia. Certains partisans de cette théorie avancent le nom de Lhyon d'Arakyr dont elle était la maîtresse officielle à ce moment. D'autres théories moins crédibles dédient ce poème à Crucio Da Montgart, bien que ces spéculations soient totalement farfelues et qu'aucun élément crédible ne vienne étayer la thèse que Dulcia, alors âgée seulement de seize ans ait pu être la maîtresse du roi de Serendia.
 
 
SERENDIA
(De Dulcia)
 
" S'en sont donc elles allées, les joies de ce pays ?
Sans son, ses chants s'en vont s'abreuver d'autres puits.
Sans ce dessein de nous vouloir libres et aux vents,
Sont ce nos rires seuls qui nous on fait vivants ?
 
Son sang vif et jaloux dont je porte le verbe,
Songeant à mon passé, s'épand tout contre l'herbe.
Cent champs et sur lesquels nous nous sommes embrassés
Séchant encore des lèvres qui les ont embrasés.
 
Chaussant aux pieds rebelles, ces bas de la beauté
Au sang chaud qui des laines, a souillé la piété.
Songeasse qu'elle eu put être cette vie si cruelle,
Sans jeux, sans rêves, sans trêves, pour alléger ses ailes.
 
Sans "je" pour toi mon coeur et sans "tu" pour mon être.
Sens-tu au corps ces laisses dont nos liens se font traîtres ?
Laisse moi donc partir, seule et d'un pas hanté,
Lasse moi même des maux que nous avons portés.
 
Sérendia puisqu'il faut confesser que je fus,
Sereine encore hier, aujourd'hui reine nue,
Ce sein rendu brûlant et que je t'ai donné,
S'est ceint de tant de peine que je lui ai pardonné.
 
Sérendia puisqu'il faut confesser que je fus,
Sirène aujourd'hui, demain cœur à l’affût.
Assassins que nous sommes des verbes que l'on sème
Pourras t'on dire un jour, enfin combien l'on s'aime. "
 
Dulcia Da Monti, Poême extrait du "Recueil Da Monti", 285 Calphéon.
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Sam 23 Nov - 16:21
LA FUITE VERS VALENCIA
Dulcia Da Monti 393258visu05
A la fin du printemps 285, la situation à changé à Calphéon et elle se trouve défavorable aux partisans d'une expression intellectuelle et d'idées l'humanistes. Des meurtres à répétition se succèdent dans la ville et plusieurs fait divers ébranlent la capitale occidentale. A cela s'ajoute la tension des bas quartier et la monté de l'inquisition, le tout sur fond de déchirements au sein du sacré collège. Dulcia prend très vite la mesure de l'ambiance délétère qui règne à Calphéon et écrit :
"La ville n'est plus qu'une succession de meurtre et d'enquêtes aussi sordides les unes que les autres. On y retrouve des cadavres avec des têtes de chats, des cadavres de Valkyrie, des cadavres de pauvres gens, des cadavres de miséreux, quand ce ne sont pas les cadavres laissés par ceux qui traquent ceux qui les ont engendré. (...) Tout n'est plus qu'une forme d'idéalisation de la violence fantasmée ou les esprits faibles gagnent le sentiment d'être fort par le simple fait de survivre dans un monde détestable. C'est le lit des pragmatiques, des soit disant réalistes, des fanatiques, xénophobes et de tous ceux qui érigent l'intolérance comme fondement moral, révélateur de leurs névroses qu'ils exorcisent dans ce reliquat de société impitoyable.
(...) il en est même qui se réclament, assassins et espions et prétendent par le meurtre, servir l'intérêt de tous, se salissant les mains avec l'excitation d'adolescents attardés pour ensuite s'imaginer en défenseurs des opprimés.
(...) Qui dans ce lieu qui sombre, comme Heidel avant lui, se soucie encore de poésie, de danse, d'amour de littérature et de tout ce qui fait les lendemains plus doux ?"
Extrait d' "Il Falso Principe", Dulcia Da Monti, 285. 
A cette époque, la jeune femme est épuisée par l'affaire Vittorio et les diverses pressions pour lui faire abandonner ses accusations contre le puissant fils Cortesi. Peu avant le début de l'été, le danger se confirme quand plusieurs témoins relatent des individus louches venant errer aux alentours des quais du quartier des artisans [lieu prétendu où se trouvait le salon des courtisanes] ainsi que l'entrée en jeu d'organisations criminelles pour museler les jeunes femmes avec la complicité passive de certains fonctionnaires de Calphéon. L'historien Pierre Coste tire cette analyse des fait :
"Dulcia était une femme à abattre et il ne fait aucun doute qu'elle était devenu un élément d'expression gênant pour certains car sa lutte intellectuelle pour la condition humaine mettait en péril l'image qu'ils voulaient véhiculer de leur propre intérêt aux arts tout en menaçant leur conception violente du monde. Ses prises de positions contre la corruption des institutions et la dénonciation de l'hypocrisie de ceux qui se réclamaient servir le bien de tous, était devenu un frein à la mise en spectacle de certains. En cela, son combat judiciaire contre la maison Cortesi est un parfait exemple de ce qu'elle nommait : "la capitulation de la cause intellectuelle."
Extrait du "Combat des femmes à travers l'histoire", Pierre Coste. 
Dulcia prend alors la décision de s'exiler provisoirement vers Valencia, au début de l'été 285, avec plusieurs de ses soeurs, afin d'y poursuivre son combat intellectuel. Plusieurs raisons expliquent ce choix.

  • La première est qu'à cette époque la jeune femme à amassé une somme d'argent conséquente. Si on ignore exactement le montant de sa fortune, certaines sources peuvent nous éclairer sur celle ci. Bastiano, le comptable des courtisanes fait état entre le début du printemps 285 et sa fin, de l'entrée de plus de 8 millions de pièces d'argent de la part de seulement quatre des protecteurs de Dulcia, ce qui laisse entrevoir les bénéfices financiers dont à été comblé la jeune femme en tant que courtisane

  • La deuxième est que transparaît dans divers écrits de Dulcia, son admiration pour le rêve Valencien ce qui peut parfaitement s'expliquer pour une jeune adolescente ayant grandit à Serendia, qui constitue l'un des carrefours des cultures occidentales et orientales.

  • La troisième explication, tirée de l'analyse de Pierre Coste, c'est que Dulcia, dans l'ensemble de son parcourt, ne cesse de de se déplacer de lieu en lieu. L'historien y voit ici, ce qui caractérise la recherche de la jeune femme pour la cité idéale et y voit là l'influence de la pensée erasmienne, qui constitue l'un des pilier de la réflexion de Dulcia dans son oeuvre.

  • La quatrième explication viens de la nécessité que la jeune femme avait de trouver un nouveau cadre, loin de la juridiction de Calphéon, pour pouvoir composer et écrire librement contre les dérives de la société occidentale et mener sa lutte intellectuelle à l’abri des pressions diverses.

  • Une cinquième explication, qui tient plus de la légende, veut que ce fut à l'initiative sa sœur et ennemie Naheeda que les deux femmes décidèrent d'aller à Valencia pour y chercher la réconciliation et la paix de leur âme, lors d'une rencontre secrete. Cette vision romantique et fantasmée de la concurrence entre courtisanes est sans doute loin de la réalité. Elle est  l'objet entre autre d'un tableau du 8 eme siècle : "Les soeurs ennemies"


A ce propos, Fabrice Guilardo remet en doute la possibilité que les deux femmes aient pu jamais se connaitre. Selon lui, cette idée relève du roman et de la construction du mythe des courtisanes. Il s'appuie sur les allégations contradictoires qui placeraient les deux soeurs tantôt amies, tantôt ennemies, preuve pour lui que l'on est plus dans la mythe que dans la réalité. Pour Guilardo, il est peu probable que Naheeda et Dulcia ne se soient jamais rencontrée ayant près de vingt ans d'écart voire quarante selon certaines estimations.
 
LES DÉTRACTEURS DE L’IDÉE ROMANCÉE DU COMBAT INTELLECTUEL
Romain Durel, historien et auteur du livre : "Courtisanes; la déconstruction d'un mythe" fait partie de ceux qui remettent en question l'idée d'un exil intellectuel. Durel milite pour une remise en perspective de la situation de la jeune femme à l'été 285 et y voit surtout une fuite plus qu'un exil romantique.
"(...) Si il est vrais qu'il existe une idéalisation de la violence, il existe en contre partie, de la part de certains historiens, une forme de fantasme béat de la lutte intellectuelle tout aussi fausse et l'on prête à Dulcia cette image de femme de caractère qui satisfait l'idée de la lutte des femmes à travers l'histoire, transformant son exil en combat contre l'oppression. Ce serait oublier que la jeune courtisane n'est alors qu'âgée de seize ans, ce que nous avons tendance à oublier, à notre époque.
(...) L'oeuvre de Dulcia, dont une partie ne lui est d'ailleurs pas attribuée avec certitude, est indissociable de l'idée de peur et des angoisses qui sont celles d'une jeune fille de son âge. Dulcia fuit vers Valencia le traumatisme de son époque plus qu'elle ne cherche à le combattre et il faut se remettre dans la peau d'une jeune adolescente, sans famille, prise aux pressions de la justice, du clan Cortesi et des cartels de Calpheon pour comprendre que la thèse, aussi romantique soit elle, d'une jeune femme en lutte ne peut raisonnablement tenir la route."
Extrait de "Courtisane; la déconstruction d'un mythe", Romain Durel. 
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Sam 23 Nov - 16:21
Dulcia Da Monti Saintes-juste-rufine-tableau
 
« Dulcia et Valentinna se tenaient de nuit, sur le sommet d'une colline, à la frontière du monde occidental, lorsque la terre et les roches tremblèrent.
Les deux femmes tombèrent alors à genoux de frayeur et deux esprits d'Elion leur apparurent, de ceux qui gardent le cité céleste entre ciel et terre, portant chacun une lanterne à la main dont la lumière chassait les ténèbres.
L'un portait le visage d'une femme et le corps maigre et se nommait « Culpabilité »
L'autre portait la barbe de la sagesse et se nommait « Pardon »
Et à travers leur voix parlait le père du ciel.
« Voilà que vous quittez l'ouest pour vous rendre en orient, firent-ils. Me trahirez vous pour vous convertir à Aal ? »
« Non ! » Répondirent-elles. « Nous sommes tes enfants fidèles. Mais c'est par amour pour toi que nous sommes pourchassées. Ta lumière qui éclaire le monde s'éteint dans le coeur des Hommes et voilà qu'on vante celui qui vit par la haine et qu'on traque celui qui vie par l'amour. »
Mais Elion se mit en colère contre les deux femmes et ses serviteurs grondèrent.
« Qui des Hommes ou de Dieu décide qui meurt et qui vit ? »
« C'est toi Père. » Répondirent les femmes de concert.
« Qui des hommes ou de Dieu sépare l'ivraie du bon grain ? »
« Toi, encore » Répondirent-elles à nouveau.
Aussi, comme elles se couvraient le visage de crainte, Dieu parla avec plus de douceur à travers les esprits de sa voix et voici ce qu'il leur dit.
« Celui qui fuit et cède à la peur, ne m'aime pas. Mais celui qui garde foi, malgré les persécution et qui se bat en mon nom, celui là, en vérité, m'aime d'un amour immense. »
Et Dieu ajouta ce commandement :
« Retournez à Calphéon. Ne craignez ni vos bourreaux, ni la honte, ni l'opprobre. Ne craignez ni le fouet ni la corde. Ne craignez ni l'insulte, ni la vindicte. Ne craignez plus celui qui a soumis vos corps par la force, ni celui qui les soumettra par la loi. Ne craignez ni les couteau dans la nuit, ni le feu des faux prophètes. Car celui qui détourne les yeux se déshonore. Celui qui condamne en de faux termes trahit mon nom. Celui qui recherche son propre bien au détriment des autres délaisse ma foi. Mais celui qui lutte pour ma lumière, celui qui pardonne, celui qui souffre par amour pour moi, celui là mérite de servir mon nom. »
Extrait d'un récit apocryphe sur les révélations de Dulcia et Valentinna.
 
LA VOLTE FACE ET LA LUTTE POUR CALPHEON
 
Le récit apocryphe de la révélation de la colline reste difficilement crédible mais il illustre l'un des tournant de la vie de Dulcia et de sa soeur, concernant un évènement qui se serait déroulé sur une colline, à la frontière entre Serendia et Mediah. Cette colline est identifiée aujourd'hui comme étant la colline aux géants, du nom des superstitions faisant état de géants de pierre qui dormaient à son pied.
Les versions diffèrent quant à la raison pour laquelle les deux adolescentes vont faire demi tour pour revenir à Calphéon et affronter leurs bourreaux. Certains y ont vu un fait mystiques quand d'autres se montrent plus pragmatiques ne pensant pas que les deux femmes aient jamais quitté la capitale. Aucune de ces versions ne peut être étayée de fait concrets mais une chose est certaine, c'est a ce moment que les deux femmes prennent conscience de la nécessité de la lutte pour la république et pour Elion.
Selon Pierre Coste, s’opère alors une transition épistémologique sur la notion de liberté telle que défendu par Dulcia et la conceptualisation de la courtisane en tant qu'entité libre cède progressivement la place à l'idéal d'une société éclairée. La transposition de cette lutte d'un plan personnel à celui des masse marque le début d'une forme de maturité politique chez la jeune femme.
Romain Durel tempère cet événement dans le processus de changement chez l’adolescente. En effet, selon lui, les lettres de changes retrouvées dans les archives, concernant des sommes d'argent à l'attention de Lhyon d'Arakyr, antérieure à l'épisode de la colline, laisse a penser que Dulcia aurait dès la fin du printemps commencé à racheter sa liberté auprès de ses protecteurs et la jeune femme aurait été dans un processus politique bien plus mûrit. Ainsi ne voit il dans la fuite qu'une mise en scène servant à la constitution d'une iconographie qui va servir les intérêt de ceux désirant combattre le fanatisme et la corruption qui étaient alors galopant dans la nouvelle république.
 
Il s'appuie, pour cette théorie, sur l'une des description fait de la jeune femme :
 
« (…) une créature rusée, ingénieuse et intelligente, qui se cache sous le visage de l'innocence »
Propos prêté à un certain Sevrus Kropt
 
Pierre Coste réfute néanmoins ce témoignage.
« Les tenants du pouvoir Cortesi, d'abord mis en échec par la jeune fille de seize ans ont lancé une propagande calomnieuse contre Dulcia Da Monti, car c'était le seul moyen de pouvoir renverser l'opinion publique de leur côté et de faire passer les courtisanes du statut du victime, à celui de coupable. Et dans un Calpheon en proie à l'inquisition et aux mœurs patriarcales, une partie des gens eu tôt fait de voir dans ces jeunes filles, la main de la corruption. »
 
 
 
LA THEORIE DE VALENCIA
Fabrice Guilardo, remet quant à lui en doute le retour des deux courtisanes à Calphéon. Guilardo soutient que les deux femmes se sont bien rendu à Valencia et ont disparu d la circulation et le procès en hérésie ainsi que le procès judiciaire contre les Cortesi, serait un mythe destiné à servir la propagande des partisans d'une ligne politique dure à l'égard des habitants de Calphéon.
On trouve la trace d'une Dual'chaïah Jabal à Valencia, à la même époque. (Jabal signifiant montagne)
C'est pour lui la preuve que Dulcia et Valentinna ont bien continuée leur voyage jusqu'à Valencia et s'y sont installées.
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Sam 23 Nov - 16:22
Dulcia Da Monti 526px-Sandro_Botticelli_-_La_nascita_di_Venere_-_Google_Art_Project_-_edited
 
"Les gens, pour qui la conception du désir féminin manque de subtilité, insultent les courtisanes que nous sommes en nous traitant de prostitués. J'entends la facilité de leur insulte et il serait bien hypocrite, en vérité, de leur donner totalement tord. 
Pourtant, dans l'indigence de ce raisonnement, j'entrevoie malgré tout une différence que la fierté de notre condition porte dignement.
Les prostitués servent aux hommes à prendre leur revanche sur les femmes. Les courtisanes servent aux femmes à prendre leur revanche sur les hommes."
Extait de "Corpus et Anima Feminarum" de Dulcia Da Monti, 285
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Sam 23 Nov - 16:22
LES ERRANCES DE CES JEUNES FILLES LIVRÉES A ELLES MÊME
 
Au delà de l'apparence parfaite que la jeune adolescente entretient d'elle même dans l'hypocrisie de sa condition, il se murmure qu'elle ferait importer de l'opium qu'elle consommerait avec des décoctions de mélisse. Certains prétendent que sa consommation de ces produits aux vertus encore peu connues augmenterait doucement. On raconte que ce serait une courtisane Valencienne qui aurait initié la jeune femme à ces pratiques sur lesquelles les érudits sont partagés quant aux effets réels sur l'âme, qu'ils auraient néanmoins tendance à apaiser.
Certains médecins encourageraient la jeune adolescente à une consommation plus régulière de ses pratiques, jugeant qu'il est toujours bon pour une femme d'équilibrer ses humeurs par l'effet apaisant de ce genre de médecine.
 
...De toute façon, on est pas sérieux quand on a dix sept ans.
 
  
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Sam 23 Nov - 16:23
[Journal traversé du désert]
...
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Sam 23 Nov - 16:24
 
 
 
Le soleil bondissait à l'horizon dans sa course matinale et la lumière de sa roue éclatante bousculait la grâce paisible et silencieuse du désert. L'astre tordait déjà les ombres des dunes et le sable, encore frais, éveillait les parfums égarés de son manteau soyeux. Dans l'aube valencienne, un jour nouveau poussait son cri silencieux auquel répondait le hennissement furieux des chevaux en cavale. Dulcia chevauchait en compagnie de jeunes seigneurs Valenciens, et sous les cris et les rires insouciant des princes du désert, c'était l'orgueil du monde même qui tremblait d'un bonheur irréel.
La jeune adolescente arrêta son cheval, caracolant sur la crête d'une dune, afin de contempler un temps, ce paysage majestueux, respirer l'air d'une liberté nouvelle. Masrur, stoppa sa monture à ses coté. La façon qu'il avait, d'exciter la fouge de l'animal, piétinant le sable d'une fierté souveraine, fascinait la jeune femme, tout comme ce regard clair et arrogant, que posait sur le monde, ce jeune seigneur valencien.
«Ne t'égare pas, fille de l'ouest » Lança-t-il en riant.
Dulcia se prit à sourire de cette attention et répondit d'une voix qui trahissait son admiration.
« Egarée, je le suis déjà et ton monde est si vaste que je ne saurais marcher dans quelque direction que ce soit sans errer loin des chemins de la connaissance. »  
Elle reporta son regard sur l'horizon flamboyant et sur les dunes, prises dans le conflit que se livraient l'ombre et la lumière. Masrur fit tourner son cheval autour d'elle, dans une danse pleine d'orgueil. Le jeune noble avait été bon avec elle et ils s'étaient très vite pris d'une sincère amitié. Masrur, quand il ne chassait pas, occupait son temps à étudier les sciences et tous deux avaient trouvé goût à de longue discussion. Il lui arrivait de la laisser parler, de longues heures durant, écoutant avec plaisir les théories du monde occidental et lui même développait les siennes.
« Je t'apprendrai, fille de l'ouest. Tout ce qu'il y a à savoir sur le ciel et sur la terre, et l'entre deux où s'égarent les poètes du monde. »
Elle sourit et baissa la tête, touchée par l'attention de son ami.
« Dans quelques jours, je te ferai entrer au palais et tu chanteras pour mes amis et d'ici là, je t’emmènerai, toi et les tiens, chasser un vrais lion. »
Elle se laissa aller à rire, rougissant et dût contenir un temps l'excitation de sa jument. Comme le noble Valencien, glissait sur son côté il ajouta :
« Tu liras des livres et tu compteras les étoiles innombrables. Et lorsque, ivre de savoir, tu penseras tout connaître du monde, je t'apprendrai à tout oublier, fille de l'ouest. »
Elle plissa les yeux un instant, en le regardant intriguée.
« Tout oublier ? Pourquoi voudrais je oublier ce que j'ai appris. »
Masrur devait s'attendre à cette réponse car son sourire s'étira pour dévoiler une fine ligne de dents blanches.
« Tu es encore jeune et pétrie de certitudes, douce amie. Vous autres gens de l'ouest pensez que la connaissance apporte la grandeur… Le savoir n'est que l'eau qui remplie un vase vide, Dulcia et la fumée que le vent dissipe. Reste avec nous, ici, et tu comprendra ces choses. »
Masrur partit alors d'un rire plein de flammes. Déjà raisonnait au loin les cris des jeunes seigneurs qui s'éloignaient dans les dunes et il fit tourner sa monture pour les rejoindre au galop. Dulcia inspira en secouant la tête, devant l'attitude des Valencien et elle talonna sa jument à son tour pour le suivre. Pourtant, ce faisant, elle ne fut pas certaine qu'elle trouverait un jour la force de rentrer vers l'ouest.
Valencia appelait au rêve, la jeune adolescente qu'elle était et invitait, dans la langueur de ses journées embaumées, à baisser la garde pour s'y abandonner.
 
 
 
Tous les hommes voudraient cheminer sur la route de la Connaissance.
Cette route, les uns la cherchent, d'autres affirment qu'ils l'ont trouvée. Mais, un jour, une voix criera: "Il n'y a ni route ni sentier!"
 
Nous tomberons sur le chemin de l'Amour. Le Destin nous piétinera.
Ô jeune fille, ô ma coupe enchanteresse, lève-toi et donne-moi tes lèvres, en attendant que je sois poussière!
 
Omar Khayyam, XIIeme siècle.
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Sam 23 Nov - 16:26


" Certains ont dit de moi, que sous l'innocente apparence de la femme que j'étais se cachait un coeur cruel et insoumis qui ne savait pas aimer sans faire souffrir. Je confesse avoir été, à l'instar de bien des courtisanes, dure et d'avoir malmené le sentiment d'hommes qui n'aspiraient qu'à m'aimer. Mais comment leur expliquer, la somme de mes erreurs, de mes caprices, de mes fausses routes, sans avant toute chose, invoquer le traumatisme de la guerre et les misères qu'elle engendre


Que d'enfances volées par l'amertume qui fut la notre, jeunes filles écloses de vies simples, offertes en patûres à l'ambitions des violences humaines, nous qui étions innocentes des rivalités du monde ? Comme tous les enfants, nous avons eu des rêves avant que ne s'impose, pour chacune de nous, le sombre voile d'un destin cruel. Et ce qu'il faut de cris pour combler la sêcheresse d'âme brisées, nous les avons poussés. Sur les ruines de nos demeures calcinées, sur les corps de nos proches emportés et sur ces hommes venu d'ailleurs qui ont violenté nos âmes intactes et vengé sur nous des offenses dont nous n'étions pas coupables. Dès lors,que pouvions nous bien pleurer, nous qui n'avions plus de larmes qui n'aient déjà été versées ?


Alors nous avons fait ce qu'impose l'esprit meurtri, quand il ne parvient plus a saisir la réalité de ce à quoi on le confronte. Nous avons crée la notre !  Nous y avons enfermé, si profondément cachés, nos rêves de jeunes filles, les fragilités de notre jeune âge, nos doutes et la tendresse de notre innocence, que nous les avons perdu, quelque part en nous.


Cette douceur de mon enfance, je l'ai cherché et je la cherche encore, ainsi que mes rêves oubliés. Je l'ai cherché également avec bien des hommes sans qu'aucun d'eux ne parviennent réellement à rendre à l'amour le coeur qui fut le miens. Peut être un jour, viendra celui qui me ramènera au chemin de ma tendresse et de l'amour et ce jour là sans doute, cesserais je d'être courtisanes pour retrouver mes rêves perdus. 


Offerte à moi même, je pourrais sans peine révéler, la vérité de la jeune courtisane que je fus. Je pourrais enfin expliquer, et la somme de mes erreurs, et celle de mes caprices ou de mes fausses routes Et tous comprendront alors que, derrière l'apparence de ce coeur cruel et insoumis qui ne savait pas aimer sans faire souffrir, s'est simplement caché une femme, trop jeune encore, pour en être une."



Dulcia Da Monti


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Sam 23 Nov - 16:28


Les filles nocturnes


"Alors que je brodais, au voile de la nuit, ce brocard d'or dont sont faites les étoiles, l'étole qui dormait, au calme de l'ennui, d'un coup de vent un seul, au cieux s'est envolée. Elle est montée si haut emportant avec elle le coeur de mes seize ans, et je n'ai pu à temps tendre ce bras si frêle qu'elle trône désormais avec ces filles perdues. Innombrables lumières, vous voilà donc pendues et mon cœur avec vous à l'ombre flamboyante du gibet de la lune. Ardentes tourterelles, opales insaisissables, gardez vous bien de rire, de ceux qui vous convoitent. Vous ne pourrez rester ainsi, accrochées en silence, à balloter au grès de la course des astres, sans qu'un homme un jour, au désir assez grand pour caresser vos rêves, ne vienne de sa main, décrocher votre morgue. Cet homme je le sais, un jour se lèvera pour cueillir contre lui, mon cœur et mes seize ans, bondissant à l'aurore de l'horizon glacé pour rendre à la nuit l'éclat de mes espoirs. Car nulle n'est condamnée, figée aux voiles sombres, à seule servir de guide aux âmes décadentes et les étoiles perdues, aussi sottes soient elles, s'effacent doucement à l'aube de l'amour. Et j'en sais quelque chose moi qui vis parmi elles et dont le cœur scintille en attendant son tour. Les étoiles perdues délaisseront la nuit, en épouses fidèles, cueillies au point du jour."



Dulcia Da Monti, 285


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Sam 23 Nov - 16:33





LE RETOUR DE L'EST




Les voiles claquaient au vent, et l'aigle d'or qu'elles déployaient de leur emblème semblait mouvoir ses ailes avec fierté, annonçant à qui croiserait sa route, à quelque âme folle qu'il soit, pour oser défier sa bannière, que Calphéon avançait avec toute la morgue de son arrogance. La mer semblait avoir entendu son appel et aucune tempête n'avait été assez brave pour ralentir la course du navire depuis Ancado, ni aucun vent assez téméraire pour se refuser à pousser son envol. Ainsi, en ce début de matinée, Dulcia observait fixement les formes abstraites du port d'Epheria en approche, les regardant s'activer pour accueillir l'imposant navire.


Elle reconnaissant dans les intonations qui hélaient le navire, les accents de l'ouest et elle ferma les yeux sous ces clameurs lointaines, transportée d'une joie sereine à l'idée de rentrer chez elle. Le port portait les odeurs familières de fruits de saisons, de poisson, des diverses fragrances des entrepôts qu'avalait le sel des embruns.


Lentement le navire manœuvra au milieu des grincement de poulies auquel répondait l’écho de goélands affamés, et on abaissa le ponton qui rendait enfin l'ouest aux deux courtisanes. D'une démarche lente et assurée, Dulcia descendit, accompagné de Valentinna et leur chargements de bagages et de robes diverses que déversaient les porteurs jusqu'au port.


Il ne lui fallut que quelques pas parmi la foules des femmes qui attendaient avec impatience le retour de leur maris avant qu'elle ne reconnaisse les hommes de la République. Statiques dans leur arrogance figée, ils attendaient à l'écart et, relevant un pan de sa robe d'un geste calme, elle avança vers eux sans sourcilier. L'un des homme s'inclina avec déférence et on leur ouvrit la porte du carrosse qui avait été affrété pour elles. A peine étaient elles installées à l'intérieur, qu'il se présenta à la fenêtre de la voiture pour murmurer d'un air grave.



« Fiorenza est morte, il y a quelques jours, madame. Il vous expliquerons tout cela, une fois arrivée à Calphéon. »



Elle hocha la tête, sans faire montre d'aucune émotion et s'enfonça dans la banquette. Elle s'était habitué depuis, malgré son jeune âge, à fermer son coeur aussi souvent que possible afin de ne pas se laisser piéger par les émotions contradictoires qui se pressaient. La peur de l'inconnu, l'excitation, la tristesse parfois et cette violence du monde qui ne la quittait plus depuis qu'elle avait embrassé cette voie. Elle avait surmonté une à une les étapes qui se présentaient devant elle, avait mouché ses revers sans jamais se plaindre et somme toute, quoi qui se présente devant elle, elle savait du haut de ses seize ans qu'elle y ferait face avec la détermination farouche de son jeune tempérament. Elle ne s'en rendait pas totalement compte encore, mais elle se détachait progressivement de l'innocence de sa jeunesse pour devenir une femme et le chemin parcouru depuis les premières hésitations de sa vie de courtisane était désormais loin. La jeune fille incertaine dont la pudeur dansait au milieu des vignes familiales s'était tu pour laisser place, pas après pas, à ce monde des adultes qu'elle avait tant redouté. Et cette nouvelle vie, qu'elle avait depuis accepté, était désormais marquée au fer rouge des idéaux de la république.


« Bon retour au pays, madame. » Ajouta t il.



Puis il frappa contre le bois du carrosse pour avertir le cocher que tout était en ordre et la voiture s'ébranla en direction de la Calphéon, entraînant avec elle les deux courtisanes vers les complots de la capitale.

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Sam 23 Nov - 16:34


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"Le voilà son exécrable palais ! palais de la luxure, palais de la trahison, palais de l'assassinat, palais de l'adultère, palais de l'inceste, palais de tous les crimes, palais de Lucrèce."


Victor Hugo, Lucrece Borgia


 


"En tant que putains vouées à l'enfer, nous acceptons toutes les violences. Toutes les humiliations. Ce que vous pouvez infliger de rumeurs et d'injures nous les tolérons sans broncher. Et plus vous frapperez, plus nous élèverons aux cieux, nos voix innocentes pour lancer notre appel. Et il reviendra tôt ou tard, ce cri rendu par l'écho de l'histoire, pour nous donner enfin raison, en tant que femmes."




Dulcia Da Monti







 

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Sam 23 Nov - 16:36


PAROLES DE VERONICA FRANCO, COURTISANE du 16eme SIECLE




 




 




« Et si tu m’offrais la paix ? [...] Si après avoir déposé les armes tu prends la voie ouverte aux disputes du lit ?[...] Peut-être je te suivrais au lit et couchée en guerroyant je ne te céderais pas.[...] Pour surmonter ton indigne offense, je viendrais au-dessus de toi et courageuse dans le combat, toi te réchauffant dans la défense, je mourrais avec toi blessée du même coup ».




Veronica Franco, Rime




 




 




« Même désespérée je trouverai du plaisir en me vengeant jusqu’à verser du sang, et peut-être après, regrettant l’effet, j’ouvrirai avec le même couteau ma propre poitrine, satisfaite et contente de t’avoir tué ».




Veronica Franco, Rime




 




 




 




« J’ai l’intention de défendre toutes les femmes contre vous ».




Veronica Franco, Rime




 




 




« Je vais vous montrer combien le sexe féminin est supérieur au vôtre [...] Quand nous sommes armées et expertes, nous sommes capables de rendre bon compte à chaque homme, car nous avons les mains, les pieds et le cœur comme vous, même si nous sommes tendres et délicates. Il y a des hommes qui sont délicats et forts, et d’autres qui sont rêches et rudes et néanmoins manquent de courage. De tout cela les femmes ne se sont pas encore rendu compte, car si elles s’y étaient décidées, elles pourraient combattre avec vous jusqu’à la mort [...] La beauté des femmes est donnée par le ciel, pour qu’elle soit le bonheur de chaque homme qui sait ce qu'est la gentillesse »




« Du danger où je me suis trouvée j’ai pris le courage et bien que je sois femme née pour les tendresses, j’ai commencé à m’exercer avec le fer à la main, tant agile est la nature des femmes capables de combattre non moins que les hommes. Et parce que j’y ai mis tout mon esprit et tous mes soins, grâce au ciel je me vois arrivée au point où je n’ai pas peur des offenses des autres. [...] De cette manière se comportent les sages qui savent tirer à la fin leur profit de ce qui nuit au début. [...] Parmi tant de femmes je veux commencer et donner l’exemple aux autres de me suivre ».




« Pauvre sexe qui naît toujours avec la fortune contraire, parce qu’à chaque instant il se trouve dominé et sans liberté. Certainement ce n’est pas par notre faute, parce que même si nous ne sommes fortes comme les hommes, nous avons l’esprit et la raison comme eux, et la vertu ne réside pas dans la force du corps mais dans la vigueur de l’âme et de l’entendement. Quant à cela, je suis sure que les femmes ne sont pas inférieures aux hommes, mais au contraire, elles ont donné plusieurs preuves d’être supérieures à eux. [...] Une femme s’adapte pour empêcher le mal et elle consent d’être subordonnée, mais si elle voulait démontrer combien elle vaut quant à l’esprit, elle dépasserait l’homme de loin.».




Veronica Franco, Rime




 




 




Le résultat de ces prises de position, comme d'habitude...






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Sam 23 Nov - 16:37


LA JEUNE FEMME D'EN BAS ET LE RÊVE DU MONDE D'EN HAUT




"Il y avait, parmi les créatures innombrables qui peuplent les bas fond, une jeune femme du nom de Dulcia et dont le rêve était de s'extraire des profondeurs obscures de la misère, là où le soleil ne brille jamais, pour s'élever jusqu'à la lumière d'un monde qui n'était pas le siens. Et, pareille à ses semblables, elle chantait, ensorcelant les hommes qui entendaient sa voix, et dans son sillage flottait la longue queue de ses soupirants. Parfois, il arrivait qu'un homme lui parvienne, naufragé des tempêtes du désespoir et recueillant la misère de ce coeur délaissé, elle le poussait jusqu'aux rivages de l'amour pour réchauffer son âme, de sa voix juvénile. Puis elle disparaissait aux lueurs de l'aube, laissant à la mémoire de ces naufragés d'un soir, le trouble enivrant d'un souvenir fugace. (...)




Dans son obstination, elle parvint à s'élever des bas fonds pour marcher sous le soleil et quoi qu'elle eut à souffrir à chacun de ses pas, manquant de chanceler dans l'aventure hasardeuse de son rêve, il n'y eut en ce monde plus claire volonté d'en arpenter les merveilles. (...)




Et il en vint un jour, un, qui ravit le coeur de cette jeune fille et pour qui elle sacrifia, et sa voix et ses chants, prenant enfin les atours d'une femme, pour taire à jamais, l'hérésie de sa condition. Et si il en épousa une autre, aux vertus plus morales, il sauva par l'amour, l'âme de Dulcia. (...)




Car il en va ainsi, de ces créatures des bas fond, moitiés femmes croyantes, moitiés choses impies. Elles s'en vont en mourant pour se rendre à l'écume des souvenirs perdus, disparaissant en silence de la mémoire des hommes. Mais parfois l'une d'elle, par la sincérité d'un coeur aimant, s'élève au dessus de la ronde, et dans le ciel se pose sauvée à son tour, pour veiller avec dieu, sur les hommes et leur monde."




 




L'un des plus vieux récit connu, d'un auteur anonyme sur Dulcia Da Monti, qui inspirera plus tard, un autre récit plus célèbre.

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Sam 23 Nov - 16:38
"Laisse moi pleurer sur mon sort cruel et n'aspirer qu'à la liberté."
Chant d'Almirena, se refusant au roi de Valencia
 
Ces derniers jours, s'élève depuis les fenêtres de la demeure Di Castelli, la douce voix de la jeune courtisane reprenant les vers de cet air connu, offrant toute la saveur des vocalises de la jeune femme et de la subtilité de cette voix précoce, à peine brisée par une mue non achevée. Au delà de l'exercice de représentation auquel se livre l'adolescente pour les oreilles de la bonne société de Calpheon et des cercles les plus raffinées, certains intellectuels auront su voir dans le choix de ce récital un message loin d'être anodin. En effet, les plus cultivés auront reconnu dans le thème de ces vers célèbres, la référence à la croisade contre Valencia et le sens à peine masqué du triomphe de l'amour des femmes impies sur le coeur des hommes, magnifié dans les poèmes ayant inspiré ce récital. Ainsi, la jeune femme défend par le choix de ce récital, cette idée de la perfection de l'amour passionné, seule condition à l'élévation de l'âme vers la foi d'Elion, contre l'idée de l’abstinence vide de sens et de l’absence d'amour pour seule justification de sa foi.
 
Dulcia rappelle par le choix de ce chant et des poèmes de Tasse, de quel pilier fut constitué la noblesse et la grandeur intellectuelle des actes  qui constituent l'élite d'une nation, loin des divertissements puérils et concomitants de cette petite noblesse égarée entre parties de "loup garou" et jeu de "bingo". Et la jeune femme de défendre une idée intellectuelle de l'amour, de la spiritualité et de l'humanité au travers de la grandeur de Calphéon et de ses habitants, sensée par les arts et la raison, œuvrer à s'élever au dessus de toutes les puissances.
 
Tancrède baptisant Clorinde, après l'avoir mortellement blessé.
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Sam 23 Nov - 16:38
LES REVANCHES DE L'ENFANCE
 
Si vous ne lisez pas trop lentement, ni trop, trop vite, ce texte devrait être calé avec la musique, pour une petite expérience rythmique. Démarrez la musique ICI et bonne lecture.
 
 
 
 
Les rangs de blés à flanc de colline, s'embrasaient des lueurs de l'aube et rendaient au ciel bleu, l'or de leur ondoiement souple. Et en écho au bruissement de leur mouvement fugace, les ouvriers de la ferme Da Monti, lançaient leurs chants, leurs rires, et portaient la vie au coeur de la campagne serendienne. Partout, on fauchait au rythme des chants, sous la cadence du pas des ouvriers, et cette atmosphère, perdue entre les rires et les intonations heureuses, faisait raisonner les collines ensoleillées. Dans le matin des jours heureux, s'ébattait toute la vie paysanne, et toute la beauté de son innocence loin des affaires du monde.
 
...Et la courtisane dansait sous le regard des nobles gens, et la souplesse de ses pieds glissait sur le sol, sans bruit, pour le marteler d'un pas embrasé. Danse courtisane ! Que le voile de ta robe rende grâce au vol de tes cheveux clairs. Soumets au désir ces regards fascinés et la caresse de leur silence. Puisqu'il ne reste que la beauté pour penser la misère et rendre au monde la douceur de ses rêves. Danse courtisane ! Dans la grâce de tes gestes, la douceur de tes pas, s'enflamme sourdement la revanche de l'enfance.
 
Elle courrait dépassant à peine des blés, sous le regard rieur des femmes à l'ouvrage et sa voix cristaline animée des tonalités de l'enfance comptait en langue ancienne à chacun de ses pas. Cette langue oubliée faisait entendre ses accents, entre les herbes sauvages, et filait dans le sillage légers de ses cheveux véniciens.
 
Sa sœur sur les talons portant son rire joyeux, l'accompagnait en cadence. Et ses yeux encore vifs en ce temps, poursuivaient la jeune fille dans sa course effrénée. Elles allaient toujours ensemble sans se soucier du monde, trop jeunes encore pour souhaiter autre chose que de courir encore jusqu'à la fin des temps.
 
Sa mère qui les observait, avait perdu au fil du temps, le rouge vif qui teintait ses cheveux et elle portait sur ses filles un regard bienveillant. Figée dans la noblesse de sa posture aimante, sa voix douce appelait ces nymphes insouciantes dont elle observait la danse innocente.
 
...Et la courtisane dansait excitant le désir des hommes, et ses pieds indociles se soulevaient en rythmepour marteler le sol et faire trembler le monde. Danse courtisane ! Que l'arrogance de ton regard enflammé fasse vaciller ces mains qui se tendent. Dérobe toi encore à l'emprise de leur coeur aimant et ne garde d'eux que l'ivresse de les savoir tienne.
 
Déjà à travers les champs, sonnait la pause et l'on se pressait en riant auprès des cruches d'eau claire pour étancher à l'onde, l'ivresse d'un bonheur simple. Elle serpentait entre les corps immenses, dans l'apostrophe de ces femmes aux bras solides et l'odeur des robes de lin parfumées de lavande.
 
Son père, surgi de nulle part, vient la saisir de ses mains agiles pour la soulever et il y avait dans ce sourire la sagesse des hommes qui n'aspirent qu'à la paix. Il darda ses yeux calmes sur elle et l'observa longuement et elle sentit dans la douceur ce regard un amour si grand qu'elle eu le sentiment qu'il ne pouvait exister qu'en cet instant.
 
« Un jour, un homme aimant t'enlèvera à moi, fit-il avec douceur, et Dieu m'est témoin que si il sait t'aimer autant que j'ai su le faire, j'en serai heureux jusqu'à la fin des temps.
– Aurais je le droit de danser ? » Répondit-elle et il afficha un sourire franc.
« Qui empêchera Dulcia Da Monti de danser ? »
 
Il rirent ensemble au milieu des échos de la joie simple de ce lieu, sous les chants paisibles des ouvrier de la campagnes serendienne. Le bonheur comme l'enfance sont des choses éphémères et trois semaines plus tard, la guerre devait effacer à tout jamais l'image de bon nombre d'entre eux.
 
...Et la courtisane dansait et son pas martelait avec force le sol de bois. Et sa robe tournoyait avec souplesse comme un défit lancé au monde. Danse courtisane ! Puisque tout s'efface un jour sauf le souvenir de ce que l'on ne possédera jamais. Et avec lui l'absolu de ce bonheur qui s'évade sans cesse, dans les revanches de l'enfance.
 
 
 
« Vous nous dites femmes des masques. Vous nous dites femmes de la turpitude, du mensonge et de l'arrogance… nous sommes les femmes de la danse, dont les pieds reprennent vigueur en frappant le sol dur. »*
 
 
 
 
* Les derniers vers sont inspiré d'un poème de Leopold Sedar Senghor, "prière aux masques"
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Sam 23 Nov - 16:39
CHANSON GRIVOISE
 
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Dans le grand salon des Di Castelli, à la lueur des multiples candélabres et dans le parfum capiteux que dégageaient les carafes de vin d'orange, Ricardo Di Castelli, patriarche de la famille, finissait, dans un éclat de rire général, de raconter l'une de ses nombreuses anecdotes dont il aimait à gratifier les soirées. Tous étaient réunis sur les canapés de velours rouge qui flanquaient l'un des coin de la pièce et, en ces périodes fêtes, ils aimaient à profiter ensemble des longues soirées d'hiver. Sa femme, Ravenna, tentait en riant, drapée de cette dignité calme, de modérer le désir du vieil homme de repartir sur une autre anecdote et leurs enfants, Giovanni et Lucia, tentaient tant que possible de le relancer d'un ton amusé. Dulcia riait aussi, assise aux cotés d'Onofrio, observant le spectacle facétieux du doyens sous les sourires amusés des domestiques, réunis autour de la scène.
« Fort bien, ma mie ! » s'esclaffa le patriarche. « Je vous fait grâce d'une autre anecdote ! A condition que Dulcia nous chante une chanson !
– Oui une chanson ! » Reprirent-ils tous en coeur.
– Une chanson humaniste ! » Ajouta Ricardo.
Comme tous tapaient dans les mains pour l'encourager, Dulcia se décala vers la harpe qui trônait dans un coin du canapé et il y eu dans la douceur du soir, l'expression d'une satisfaction commune.
La jeune adolescente leur lança un sourire avant de parler avec douceur.
« J'en connais une, si fait que l'amour de Petrarque et de sa belle Laure trouve écho dans le coeur des humanistes que nous sommes. »
Il y eut quelques applaudissements réjouis et elle leva la main pour prévenir non sans timidité.
« Mais je tiens à avertir vos conscience qu'elle est fort grivoise. »
Une envolée de clameurs et de rires, marquèrent leur amusement et tous se pressèrent ensemble autour de l'instrument, qui buvant une gorgée de vin chaud, qui piochant dans une part de pain d'épice, dont l'odeur capiteuse embaumait la pièce.
Dulcia ouvrit les lèvres pour chanter avant de s'empourprer doucement, n'osant se lancer et il fallut quelques encouragements du patriarche et de ses enfants pour qu'elle accepte de commencer. Posant les mains sur les cordes de la harpe, elle inspira doucement, puis, après un moment de silence calme, elle commença d'abord de sa voix seule, imposant la douceur de son ton juvénile à l'ambiance feutrée de la pièce.
 
Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons...
Allons sous ma chaumière,
Bergère, vite, allons !
Il y eut quelques rires joyeux qui accompagnèrent le double sens et elle marqua un moment de silence, se mordant doucement la lèvre en souriant, avant de reprendre avec douceur.

J’entends sur le feuillage,
L’eau qui tombe à grand bruit.
Voici, voici l’orage...
Voilà l’éclair qui luit !
Lentement, elle fit jouer ses doigts sur les cordes de la harpe, ajoutant à son chant, la candeur des notes de l'instrument.


 
Entends-tu le tonnerre ?
Il roule en approchant.
Il y eu plusieurs applaudissements suivit d'exclamations joyeuses !
« Liberté ! » « Vive la liberté ! » « Vive la république »

Prends un abri, bergère,
A ma droite, en marchant.
Je vois notre cabane
Et, tiens, voici venir...
Ma mère et ma sœur Anne,
Qui vont l’étable ouvrir.
Les Di Castelli levèrent leur verre en direction de Ravenna Di Castelli qui, drapée dans cette courtoisie qui était la sienne, dodelina de la tête en souriant pudiquement. Les hommes accompagnèrent alors le chant de Dulcia, chantant en coeur vers la doyenne.

Bon soir, bon soir, ma mère.
Ma sœur Anne, bon soir.
J’amène ma bergère,
Près de vous pour ce soir.
Riant le patriarche maqua un geste tendre en prenant son épouse par les épaules pour secouer doucement son caractère calme, alors que tous chantaient. Elle tout en riant, fit signe pour que l'on bouche les oreilles de la jeune Midoa, ce que fit un serviteur amusé.

Vas te sécher, ma mie,
Auprès de nos tisons.
Sœur, fais-lui compagnie.
Entrez, petits moutons !
Onofrio passa une main tendre sur l'épaule de Dulcia et elle leva sur lui un sourire joyeux, poursuivant la chanson de la voix de ses seize ans.

Soignons-bien, ô ma mère !
Sont tant joli troupeau.
Donnez plus de litière,
A son petit agneau.

 
« La donzelle est propre ! » S'exclama Antonino, l'un des cousins de la famille et Dulcia s'interrompit au milieu des rires, penchant la tête sur le côté pour le gronder d'un air amusé, sous les applaudissement, gentiment moqueur et elle poursuivit.

C’est fait : allons près d’elle.
Eh bien ! donc, te voilà ?
En corset, qu’elle est belle !
Ma mère, voyez-là.
Lucia souriait en rougissant ce que n'avait pas manqué de relever Giovanni qui s'empressa de la prendre par l'épaule pour la taquiner. Anticipant le prochain couplet, Ravena Di Castelli lança un :
« Oh, non ! » Elle se leva en riant faisant deux pas autour de sa chaise dans sa gène pour venir pudiquement se boucher les oreilles sous les applaudissement amusés, geste prude que reproduisent quelques jeunes servantes.


Soupons : prends cette chaise.
Tu seras près de moi ;
Ce flambeau de mélèze
Brûlera devant toi.
Goûte de ce laitage…
A ces mots, les hommes Di Castelli levèrent leur verre dans une clameur grivoise, au milieu des rires et des pieds frappant le sol, alors que Dulcia poursuivait, les joues empourprées.

Mais tu ne manges pas ?
Tu te sens de l’orage.
Il a lassé tes pas.
« Chantez ! » Annonça Dulcia d'une voix douce entre deux inspirations, et toute la maisonnée se mit à reprendre la dernière strophe, ensembles, nobles comme serviteurs, à la lumière des candélabres, et levant leur verres à la douceur de ce sentiment familial. Ils chantaient tous, pudiques ou joyeux jusqu'à la sage Ravenna, qui, main dans la main avec son époux, accompagnait de sa voix chaste et joyeuse, le chant du soir. Et dans le froid de l'hiver, par les fenêtres qui dégorgeait de leur lumière sur les ombres de la rue, s'élevait la joie unie de la maison Di Castelli.

Eh bien ! voilà ta couche,
Dors-y jusques au jour.
Laisse-moi sur ta bouche,
Prendre un baiser d’amour.
Ne rougis pas, bergère,
Ma mère, et moi, demain,
Nous irons chez ton père
Lui demander ta main.

 
Des applaudissement chaleureux, accompagnèrent la fin des notes et tous se congratulèrent dans une joie bienveillante. Dulcia inclinait joyeusement la tête, en riant, dans une paix qu'elle n'avait pas connu depuis l'enfance. La très sérieuse Ravenna, qui tentait de cacher son amusement et son visage empourpré derrière un livre secoua la tête en regardant son époux.
« J'espère que vous voilà satisfait, Ricardo.
– Fort bien, répondit le patriarche d'un ton taquin. Vous me la chanterez ce soir. »
Il y eut de nouveaux rires et Ravenna vint gentiment le taper sur le bras d'un revers de la main en s'exclamant gênée :
« Grand Dieu ! Pourvut que des enfants, n'aient jamais à entendre cette chanson ! »

 

 

 
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Sam 23 Nov - 16:39
SUR LA BEAUTÉ DE L’ÉCHEC
 
« Si un jour, dans cent ou deux cents ans, quelqu'un venait à se pencher, sur les réminiscences de cet écho tumultueux, que furent mes jeunes années, ne dira-t-il pas ; quelle étrange fille, qui ait autant approché le bonheur qu'elle l'eut ainsi refusé quand tant d'autres l'auraient saisi pour ne plus le lâcher. Je veux objecter à cette conscience lointaine, si d'aventure lui parvenait la trace de mes écrits, que ce ne fut pas par mépris du bonheur ou par un désir malheureux de m'y soustraire. Je l'ai fuit car il est une chose que le contentement étouffe trop souvent chez ceux qui s'y abandonnent mollement et qui demeure à mon sens l'essence même de tout être, à savoir la passion de la vie. Et j'ai eu peur, toute ma jeunesse durant, que sans cette passion, je ne sombre dans cet affaissement de l'âme, qui finit par se complaire de tout, englobé par le seul sentiment de plénitude. Car c'est rester libre que de se rebeller, y compris contre soit même et les vœux que l'on porte au cœur ; Aussi ais je aimé un homme avec toute la passion que l'on puisse éprouver et, forte de ce sentiment, loin de m'en contenter, j'ai abîmé soigneusement cet amour, par les armes acérées de cette même passion. Et l'on a dit de moi que je ne savais pas aimer et qu'en lieu et place d'un cœur doux, se trouvait une âme froide et cruelle, obsédée par la réussite. Il est vrais que j'ai triché bien des fois, tantôt par égoïsme, tantôt par vanité, mais de froideur aucune. Car ce brasier ardent de la passion, c'est de mon propre corps que je l'ai allumé et nourrit pour qu'ensuite, consumée de ce feu du regret, j'y puisse verser sur ses flammes tant de les larmes secrètes. Mes espoirs de victoire, je les ai abandonnée à ses cendres et de cruauté il n'en fut qu'une seule envers moi même ; Ceux qui conteront demain, par moi, le triomphe de cette liberté des femmes sur leur monde devrait avec plus de justesse conter la passion de mes défaites ; Car quelques furent mes réussites, la fortune dont je fut comblée, la vérité de mon existence, bien au-delà du fantasme de ce que je fus, est et demeurera toujours que la grandeur du triomphe m'a toujours été au cœur moins douce que la beauté éclatante de mes échecs. »
Extait de "Corpus et Anima Feminarum" de Dulcia Da Monti, 285
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Sam 23 Nov - 16:40
"(...) Je dois à une enfance relativement libre, le caractère sauvage de mes idées et qui se refusent non à l'amour mais à l'entrave qu'il pose à l'esprit humain. Ainsi je considère le mariage comme une prostitution de l'âme féminine dès lors qu'il pose à la femme ce désir de soumission volontaire que l'on qualifie comme "In Omnibus Obire". Quoi que fussent nombreux, ceux à penser que cette position fut liée à la condition qui est mienne, nonobstant ainsi l'évidence que mes prises de positions idéologiques puissent avoir été enfantés d'une éducation intellectuelle plus que d'un simple raisonnement féminin, c'est bien par la grâce d'un enseignement poussé que je fit acquisition d'une conscience personnelle de l'amour et non dans l'exercice des choses du siècle qui n'en sont qu'une conclusion évidente.
(...) Ainsi, à la fleur de l'âge, avais je déjà connaissance de ce qu'Augustin décrit  en disant :"Nondum amabam sed amare amabam et secretiore ingigentia, odéram me minus indigentem." et que l'on traduit par : "Je n'aimais encore mais j'aimais aimer et par un désir secret, je m'en voulais de ne pas en avoir plus grand désir." Et telle Galathé, comme l'écrit Ovide, je fuyais les hommes en me réfugiant derrière les saules, mais m'assurais d'être vue avant de disparaitre. Je pris dès lors très tôt conscience de ce pouvoir du désir, et de la facilité avec laquelle il attache la conscience à s'y soumettre, dans ce que d'aucun nomment l'amour et qui n'en est à mon sens qu'une vague réduction.
(...) Et à ceux qui disent qu'une fille de seize ans, ne put avoir telle analyse des choses, je leur oppose le raisonnement de la jeune Heloise qui, amoureuse d'Abelard autant que de son talent scolastique, posa à l'âge de quatorze ans, les bases intellectuelles de son raisonnement amoureux dans "l'Epistolae Duorum Amantium", raisonnement qui fut, au moins aussi poussé que celui du maitre, ne diffèrant véritablement, dans son âge précoce, que par l'affirmation de justifier de questionnements et de problématiques qui sont elles, toute relative à l'adolescence.
(...) aussi j'affirme, tant jeune soit mon âge, que j'entretiens cette liberté de n'appartenir à aucun homme par un raisonnement conscient et tiré de conséquences de mon enfance et de son éducation et non d'une quelconque frustration de la prostitution, quoi que tant eussent voulu se satisfaire de cet vision facile. Et j'ai opposé par neuf fois, à neuf hommes, un refus systématique à leur demande de me voir les épouser par ce même raisonnement et l'accomplissement personnel que je voue à l'amour comme expression de la liberté. Et aujourd'hui encore je le refuse et le refuserai, jusqu'à ce qu'un homme pose raisonnement à mon âme rebelle, par l'intelligence d'un argument dialectique plus que par l'expression absurde de sa seule virilité."
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Sam 23 Nov - 16:40
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Les gens présents, réunis sur le terre plein central qu'entourait l'exploitation agricole semblaient heureux, et sinon pleinement heureux, au moins goûtaient-ils à un moment de répit dans l'éprouvant ouvrage permanent de leur vie. Et la jeune Dulcia, joignit ses mains contre son coeur, touchée, lorsqu'ils se mirent à applaudir de concert. Elle s'en trouvait transportée de joie et d'un espoir profond envers le monde et ses progrès. Oh, bien sûr et quoi qu'elle n'en fut pas pleinement consciente, il y avait là une forme d'auto-satisfaction narcissique. Cette forme d'excitation, propre à ses dix sept ans, qu'elle pouvait ressentir lorsqu'on la gratifiait, telle une enfant, de toute l'attention qu'elle n'avait pas manqué d'implorer une partie de sa jeune vie. Levant sa voix au dessus du concert d'applaudissement elle continua à professer, les mains ouvertes avec cet air, faussement sérieux qu'appelaient les passions de l'adolescence pour les sujets graves.
« Aucun Homme – Et elle entendait par là, la grande famille des espèces intelligentes qui peuplait la terre – n'est élevé au dessus des autres, autrement que par sa dignité, ses connaissances et la juste application de son travail. Ainsi la République garantie-t-elle les droits de tous ses enfants. »
Il y eu d'autres applaudissements.
« Vous devez vous emparer des lois, les haranguait-elle de sa voix gracieuse. Vous devez apprendre les droits qui sont les vôtres afin de pouvoir les défendre devant la justice du siècle. La servitude volontaire s'éteint avec la connaissance et par la connaissance. Ainsi la République saura reconnaître les droits qui sont les vôtres.»
Elle se prit à sourire lorsqu'elle aperçu les uns et les autres se faire passer le mot dans leur satisfaction d'entendre d'aussi bonnes paroles. Elle aimait profondément ces gens et son affection n'était pas feinte. Fermiers, métayers, ouvriers agricoles courbés par le poids de leur labeur... Son père n'était-il pas lui même un propriétaire terrien ? Et quoi qu'il ait en vérité employé de tels gens plutôt qu'été l'un des leurs, elle les comprenait. Au fond elle avait grandit entourée de ces bonnes âmes et leurs chants avaient rythmé son enfance, bien avant les malheurs de la guerre. Le souvenir de ses jeunes années heureuses à courir parmi les champs en compagnie de sa sœur, offrit à sa voix les accents d'une profonde sincérité et elle poursuivit son discourt entre l'émotion et la rumeur ardente de son cœur passionné. Elle promit… Elle promit qu'elle ferait don d'une part de son argent – Pas trop tout de même, car elle devait entretenir son train de vie dispendieux – à l'éducation de leurs fils et de leur fille. Elle promit qu'elle leur trouverait le concours de gens de loi, pour aider à leurs problèmes. Elle promit enfin qu'elle leur fournirait des livres, de quoi apprendre… de quoi comprendre le monde. Et plus leurs applaudissements montaient, plus son cœur se gonflait d'orgueil à répandre les idées qui étaient celles d'une époque nouvelle. Et quoi que son jeune âge n'eut pleinement la mesure de ce que pourrait un jour engager l'avènement du progrès, elle s'en moquait. Elle était, comme tous les gens de son âge, convaincue que les idées neuves entraîneraient le monde vers un âge d'or et le bonheur de tous.
Alors qu'elle se frayait un chemin vers sa voiture, entourée de ses gardes du corps, elle touchait avec tendresse les mains qui se tendaient vers elle, en signe de gratitude. Elle esquiva au dernier moment un gobelin qui se trouvait là sur son chemin, chapeau à la main.
Pourquoi n'était il pas en train de travailler, comme les autres ?
Le contournant elle poursuivit, saluant un à un, les braves ouvriers agricoles, recevant un bouquet de fleur avec gratitude. Elle se souvint avoir dépassé la créature à nouveau qui était encore là, avec son chapeau ridicule entre les mains. Qu'importe ! Elle signalerait sa présence plus tard. Elle était trop emplie par le bonheur des gens pour se mettre en colère. Elle fut alors arrêtée par un visage qu'elle connaissait.
« Monsieur Paine, s'écria t elle enthousiaste au milieu des ouvriers agricoles. J'ignorais que vous étiez ici. »
Comme il s'inclinait sur sa main, il sourit en répondant.
« Je ne voulait pas manquer votre discourt. Vous êtes toujours aussi emplie d'une fraîcheur galvanisante. »
L'homme, qui approchait de la quarantaine, était bien mieux habillé que la plupart des gens ici et pour cause, il était lui aussi un intellectuel, fervent militant de la cause des plus faibles et elle reconnaissait en lui un mentor, autant quant à ses idées républicaines que par son profond engagement pour la cause humaniste. Quoi que possédant un nez un peu trop épais, ses yeux respiraient une certaine douceur et il arborait souvent un sourire rassurant. C'est alors qu'elle remarqua que le gobelin se trouvait à ses côtés et souriant à la créature – Elle comprit par la même occasion qu'il devait avoir été emmené par Paine – elle vint de sa main caresser sa tête avec gentillesse. Elle s'en voulut un instant de n'avoir emmené un petit gâteau sec pour le lui donner, comme elle se plaisait parfois à le faire pour féliciter les plus méritant d'entre eux. A peine eut-elle le temps de se réprimander elle même que Paine poursuivit, avec douceur.
« Laissez moi vous présenter Dolly. » Fit-il en présentant la créature et Dulcia s'enthousiasma.
« Oh ! Vous lui avez trouvé un nom charmant ! J'avais un gobelin qui s'appelait Dolly. »
L'homme acquiesça dans un certain malaise et ajouta :
« Je ne lui ai pas donné ce nom. C'est le siens propre. Dolly est très au fait de notre cause et il a écouté votre discourt avec grande attention. Il en a été profondément touché, quoi qu'il n'ose le dire et il tient à vous remercier de ce que vous faites pour ces gens ainsi que pour les siens. Au nom de sa femme et de ses enfants, il voudrait vous témoigner sa gratitude.»
Dulcia regarda soudainement Paine, prise d'un certain trouble. Un instant interdite, elle laissa échapper un sourire gênée, prise dans la confusion de son incompréhension.
« Ce que je fais pour les siens ? Pourquoi… pourquoi ferais quoi que ce soit pour les siens ? » Balbutia-t-elle un moment.
Elle ne comprenait pas où il voulait en venir et il y eu un moment de gêne entre eux. Un de ses affreux moments ou le silence s'installe. Le gobelin leva la tête vers l'homme. Elle eut pu presque voir dans son regard une certaine détresse, si elle eut été convaincue qu'il pouvait être capable d'émotion.
« Les gobelins sont parfaitement heureux comme ils sont, poursuivit-elle afin d'essayer de se débarrasser du propos. »
Paine la regardait et elle sentit qu'il cherchait quoi dire. Il fallait qu'elle se dégage de cette situation.  Elle trouvait le sujet inconvenant et cet instant affreusement embarrassant. Pourquoi diable son ami avait il donc abordé le sujet d'un gobelin alors qu'elle n'aspirait qu'a s'enthousiasmer de pouvoir enfin changer la vie des honnêtes travailleurs ? Comme le silence perdurait, elle posa une main sur le bras de l'homme avec douceur et elle lança un sourire contrit pour conclure par des mots doux. Mais rien ne sortit qui puisse satisfaire à l'intelligence dont elle aimait se gargariser. Rien ! Elle aurait aimé trouver une grande phrase, quelque chose de jolie ou de moral mais elle ne parvient, tant bien que mal, qu'à articuler l'expression de quelques mots hésitants :
« ...Et puis, si les gobelins ne travaillaient plus, que mangerait-on ? »
Grimaçant devant l'évidence idiote de sa propre réponse, elle porta un instant son regard sur la créature, qui la regardait avec ses grands yeux, presque gênants. Elle s'interdit, embarrassée de venir tapoter la tête de la chose, ses doigts se rétractant gracilement, avant de faire demi tour, sans un mot de plus. Soulevant le bas de sa robe, et entourée de ses gardes du corps, l'adolescente fila, au travers de la foule et de ses rumeurs enjouées, pour rejoindre sa voiture, essayant d'oublier cette désagréable mésaventure.
 
 
 
« (…) Beaucoup pensent que Dulcia fut une jeune femme libre et humaniste, au coeur emplit de bonté. Sans doute le fut elle aussi sincèrement qu'il était possible de l'être au milieu de son époque. Mais peu se souviennent qu'elle fut aussi une jeune adolescente de dix sept ans, possédant des esclaves. Et si elle fut attachée au sort de ceux qu'elle qualifiait de ses semblables, elle fut aussi par sa complaisance silencieuse, indifférente au sort d'une large partie de la population, pour ne pas dire complice de la servitude de milliers d'anonymes ... »
Franck Verdi, "La part d'ombre des Républicains"


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Sam 23 Nov - 16:42


Dulcia s'était dressée sur la petite place où se regroupaient nombres de silhouettes dont les idées se montraient ouvertes au projet humaniste. En moins grand nombre que la masse de la population, dont le premier désir était l'accomplissement d'une satisfaction immédiate, ces quelques gens se sentaient unis à une marche du monde dont les conquêtes se trouvaient dans un horizon lointain. Et elle se sentait liée à ces idées au point d'en défendre avec verve leur éclosion au sein de la société. Déjà les beaux jours du printemps inondaient les rues pavés et jetaient sur les visages la lumière radieuse d'un soleil nouveau. Les lilas abondaient aux fenêtres, portant parmi la foule leur parfum capiteux. Et du haut de ses dix sept ans, républicaine convaincue, elle prenait la parole pour monter à l'assaut des vieux démons de ce monde. A l'âge où il était de raison de se marier, elle refusait le constat d'une vie rangée. D'abords parce qu’elle considérait les hommes comme des choses décevantes dont peu méritaient, de par leur absence d'instruction et d'originalité, ce qu'ils manquaient de force ou de grandeur, de mériter la soumission de son esprit, car ainsi nommait elle en secret l'acte d'aimer dans sa forme la plus parfaite. Elle en avait en vérité  trouvé peu qui puissent véritablement satisfaire ou contenir la passion intellectuelle qui était la sienne. Mais aussi parce qu'elle se trouvait, à cet âge précis de sa vie, en opposition avec la vision patriarcale de ce monde.







Brandissant le doigt vers le ciel, dans le feu de son âge précoce, l'adolescente s'exprima vers la foule avec cette voix passionnée que les accents de sa jeunesse brisaient légèrement dans une mue qui n'était pas encore parfaitement accomplie.







« Nous condamnons l'oisiveté de certains noble qui ne vivent que par une forme d'amusement permanent, délaissant les vertus de l'intelligence pour leur préférer celles du divertissement absurde ! Car il faut les entendre proférer à qui veut bien les flatter, le prestige du titre qu'ils se donnent quand ils sont incapable d'en saisir les devoirs ! Leur monde ressemble à une vaste répétition d'un même événement sans saveur tant ils n'ont de vision claire du but qui est le leur et de leur place dans ce monde. Ils singent dans une parodie vulgaire, l'honneur que l'on prête aux vertueux et se parent des atours du langage qui pourrait donner à celui qui n'est guère pourvu de savoir, l'impression qu'ils en fussent eux même emplis. Mais ils n'ont de pilier aucun, sinon leur propre amour d'eux même. Ils ne possèdent ni culture, ni savoir, ni même le goût des arts sinon de la comédie de s'en laisser paraître instruits ! Ils comblent les lacunes de leur vie en deux occupations absurdes. Les uns s'en vont prétendre distribuer leurs richesses incommensurables au pauvre peuple dont ils sont pourtant l'incarnation de la souffrance ! Les autres se présentent en fiers guerriers, bretteurs et duellistes bombant le torse sans rien avoir jamais appris d'un ouvrage militaires tant ils répugnent à lire. Leur inutilité coûte à l'état quand tant de gens à l'esprit bien fait mériteraient d'occuper la place qui est la leur ! »







Elle désigna le dôme du parlement, dont on percevait d'ici la cime au dessus des toits de la cité.







« Qu'ils rendent leurs titres puisqu'ils ne leur servent en rien hormis au plaisir de s'entendre appartenir à une caste dont ils ne méritent même pas le nom. »







Il y eu quelques applaudissements, car ceux présents ici, qu'ils fussent savants ou simples gens, aimaient à entendre ce genre de discours et s'en trouvaient acquis. Bien sur, nombre d'entre eux, étaient emplis d'un degré de réflexion et de sagesse qui dépassait de loin celui de l'adolescente, dont les convictions étaient encore marquées par la passion de la jeunesse. Mais ils aimaient, avec une forme presque tendre et paternelle, l'expression de la jeune fille et cette force obstinée qu'elle déployait dans tous les ouvrages de sa vie.







« Dans la même veine, nous condamnons aussi l'inquisition et plus largement la posture hypocrite de nombreux prêtres qui disent parler au nom de Dieu et qui n'ont des saintes écritures qu'une vision détournée et obscène. Les voilà, prétendant porter leur inculture à la face du monde pour nous dire ce qu'il convient ou non de faire quand ils ne brillent la plupart du temps que par l'absence totale d'intellect. La contradiction de leurs arguments, qu'ils nous opposent à nous autres progressistes, est inscrite sur l'idée même qu'ils puissent penser éclairer l'âme des gens quand ne brûle chez eux pas la moindre étincelle de la connaissance qui sied pourtant à l'Homme de raison. »







Les attaques contre la religion étaient fréquentes de la part des humanistes. Non qu'ils contestèrent l'idée même de Dieu. Mais ils se trouvaient opposés à ceux qui, innombrables prétendaient tirer leur métier de cette dévotion à Dieu, ramenant à leur confort et leur puissance matérielle, des idées qui par essence ne pouvaient se trouver que spirituelles.







« Ce sont des voleurs et des menteurs, vivant en parasites aux crochet de ce monde ! Ils ne lisent pas ! Ne s'instruisent pas! Pourtant ils prétendent sans honte déceler le vrais du faux ! Mais nous savons, nous autres humanistes de quelles valeurs est pétri le savoir dont nous nous réclamons. Nous connaissons les articulations de la liturgie ainsi que le principe nouveau de la Raison qui est à Dieu son seul véritable langage. Qu'ils viennent ces charlatans de la fois, engoncés dans le pourpre linceul de leur crime envers Dieu, dont ils ont poignardé le nom pour le propre amour d'eux même. Qu'ils viennent débattre avec nous de la foi et nous leur opposerons le véritable sens de la construction d'un argument scolastique sous toutes les formes qu'il voudront...Enonciative, impérative, désidérative, déprécative, intérogative ou vocative ! Nous savons que nous dépassons ces soit-disant docteurs de la foi de toutes les manières possibles et nous sommes en mesure de les battre sur le propre terrain dont il se réclame seuls penseurs, si tenté qu'ils sachent penser !







Mais si je devais ici énoncer notre propos pour en simplifier le verbe et rendre l’exhortation qui est la notre, compréhensible de ces âmes ignares, voici ce que nous autres humanistes exigeons : Nous voulons la réforme ! »







Il y eu là une acclamation commune. Les humanistes ne soutenaient pas formellement l'idée d'un schisme religieux et ils s'attachaient encore, peut être a tord, à l'unité de foi des Hommes, se méfiant des dérives obscurantistes de ceux qui se réclamaient d'un autre fondement religieux tiré des enseignements d'Elion. Ainsi considéraient ils les cultistes comme une déviance absurde de l'Elionisme, engendrant un mal plus grand encore que la parodie de religion qu'ils singeaient. Mais ils en tenaient l'église comme principale responsable et s'entendaient d'un commun accord, sur l’incompétence du clergé.







« Que l'église change, qu'elle mette à disposition de tous, ses textes sacrés afin que chacun s'en fasse une opinion ! Qu'elle brise la chaîne inutile de sa hiérarchie corrompue et cesse de se conduire en tyran ! Quelle renvoie ses faux disciples, inquisiteurs et autre juges et qu'elle proclame la liberté de conscience. Car l'église n'est pas là pour représenter Dieu auprès des Hommes, mais bien pour représenter les Hommes auprès de Dieu. Et si elle refuse de faire sa réforme, alors nous la ferons nous même ! Nous libérerons les masses de l'obscurantisme de ces quelques parasites qui salissent le nom de Dieu et rendrons au ciel et à la république son véritable sens ! »







Il y eu des applaudissements.







« Voilà la liste de ceux que nous condamnons et qui constituent la grande famille des gens de peu d'éducation. Nous les voyons se délecter de cette médiocrité de l'esprit qu'ils aiment à afficher en seul exemple de leur vertu. Dans leur honte de ceux à quoi ils aspirent et qu'ils ne seront jamais, ils aimeraient entraîner le reste du monde, afin d'être certains de se trouver, au milieu de ce vide intellectuel, seuls dignes de louanges. En cherchant à abrutir les masses, les voilà qui pensent s'élever dans le chaos de l’ignorance comme des prêcheurs de sagesse et de bon sens ! C'est qu'ils se disent qu'il serait plus facile pour eux, de rabaisser chacun à leur niveau de bêtise plutôt que de faire l'effort intellectuel de s'élever eux même.







Et ainsi décrit l'un de nos humanistes les plus célèbres, lorsqu'il parle du moment ou ses gens en trouvent l'un de nous, portant enfin à leurs oreilles sourdes un discourt instruit : Il en sont comme étourdis et renversés. Leur amour propre s'alarme, comme si ils allaient perdre leur réputation de sagesse et passer pour des imbéciles. Ils se creusent la cervelle jusqu'à ce qu'ils aient trouvé un argument contradictoire et si leur mémoire et leur logique sont en défaut, ils se retranchent dans le lieu commun de vaines habitudes éculées et de préjugés hasardeux. Puis ils s'assoient en se rengorgeant, comme si ils venaient de réciter un oracle. Les voilà, dès lors que surgit une amélioration nouvelle, se cramponnant à l'ancien pour ne pas suivre le progrès ! Et ce philosophe de conclure : J'ai vu presque partout, ces jugeurs moroses, absurdes et fiers ! »







D'aucun de ceux qui étaient présents connaissaient les propos cités et saluèrent la référence qui était jetée comme un avertissement de ce monde nouveau. La république était ici le point d'orgue d'une conscience qui s'embrasait. Le coeur de la jeune femme se serra pour exploser dans un élan d'optimisme. Le monde de demain serait meilleur, elle en avait une foi profonde. Elle n'avait pas totalement conscience d'être l'un des pions d'un projet qui était bien plus profonde et moins innocent que ce qu'elle voulait croire. Projet qui avait peut être jeté ses bases avec la mort de Guy Serric...ou peut être en était elle la première étape. Qu'importe ! Son camps était désormais clair et plus jamais le monde ne ferait marche arrière. Elle poursuivit avec toute la foi qui était la sienne, bravant le ciel bleu avec la passion d'une tempête dont l'écho grondait sur la surface de la terre, au travers de cette place, sous le regard bienveillant de la république :







« Mais nous les vaincrons ! Nous avons déjà gagné avant même que la lutte n'ait commencé ! Car poignée que nous fussions, nous autres progressistes humanistes, notre raison, elle, a dors et déjà enclenchée la marche d'un monde nouveau. Dans ce monde ou dans un autre, ils seront toujours égaux à eux même ! Des ignares sans culture ! Et nous seront toujours là pour arracher à leur esprit fragile, l'inexorable progression du monde ! Qu'ils ne se trompent pas ! Notre mouvement n'est pas le mouvement d'une époque. Il est voué à perdurer et à consacrer le triomphe de la raison sur l'obscurantisme de leur pensé. Les pierres que nous semons, servirons demain à abattre les fortifications de la tyrannie ! Nous élevons l'Homme pour qu'il prenne son destin en main. Nous lui laissons en héritage ce principe de progrès que nous nommons « scientia ». Muée par le souvenir de notre flamme et de tous ceux, intellectuels, artistes, savant et philosophes qui demain se lèveront dans notre sillage, notre civilisation renversera les monarchies une par une, à travers le monde ! Elle portera un principe d'égalité pour tous et de liberté ! Alors, ayant atteint le sommet de sa gloire resplendissante et brandissant le nom de République, elle émancipera ses enfants, fracassera les barrière des différences ! Les femmes seront les égales des hommes ! Les être entrerons ensembles dans une grande communion, quelque que soit leur couleur, leur origine, leur race, pour chanter à la gloire de Dieu et des idéaux humanistes. Cette république d'un genre nouveau abattra les frontière ! Ses aigles porteront à travers le ciel, le feu de la liberté pour les répandre sur les ennemis de l'humanisme ! Partout les hommes s'entendront d'où qu'ils soient ! Jusqu'à ce que, mélangé dans une seule humanité, une seule langue, une seule place de marché commun et repus de cette flamme de la liberté, ils bâtissent un nouvel ordre du monde !







Qu'ils se souviennent à ce moment de la civilisation, que tout ce qu'ils ont acquis de liberté et de grandeur, ils le doivent à ce que nous fûmes, tout comme nous nous souvenons nous même des écris qui ont forgé nos convictions et donné naissance à ce mouvement de l'humanisme, que demain le monde portera en triomphe!  Que chantent dans mille ans les enfants de cette république d'Utopia ! Telle est la volonté de Dieu et que sa vérité soit en marche ! »







Les gens exultèrent de cette idée lancée qui, il fallait le reconnaître, n'était pas d'elle mais de penseurs dont elle considérait les enseignement comme une route à suivre et dont elle se faisait porte parole, comme d'autres autour d'elle, infiltrés dans toutes les couches de la société. Avec en ligne de mire ce monde auquel ils aspiraient. Elle ignorait quel visage prendrait cette civilisation demain. Si elle serait juste ou non. Si réellement elle rendrait enfin le bonheur aux hommes. Mais elle espérait qu'elle porterait et pour longtemps, les germes de l'humanisme qu'ils semaient aujourd'hui et que par elle, la continuité de ce rêve naissant, rayonnerait à la surface du monde, pour le gouverner dans la lumière de la Raison.

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Sam 23 Nov - 16:43
LES REPUBLICAINS
Dulcia Da Monti Lucas-cranach-lancien-suicide-de-lucrece-1538
Le suicide de Lucrèce comme acte fondateur de la République.
 
 "Nous voulons substituer, dans notre pays, la morale à l’égoïsme, la probité à l’honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l’empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l’insolence, la grandeur d’âme à la vanité, l’amour de la gloire à l’amour de l’argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l’intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l’éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la petitesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable, c’est-à-dire, toutes les vertus et tous les miracles de la République, à tous les vices et à tous les ridicules de la monarchie."
Robespierre
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Sam 23 Nov - 16:43
"Le caractère de Dulcia, s'il eût été plus doux, toute la face de la terre aurait changé."

Blaise Pasqua, mathématicien-physicien-inventeur-philosophe-moraliste et théologien calphéonien.
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Sam 23 Nov - 16:43
DULCIA ET LA SCIENCE
 
Si Dulcia Da Monti est connue pour ses œuvres littéraires ou musicales, ainsi que pour sa propension doctrinale à s'opposer à la morale patriarcale, nous connaissons moins la qualité de l'adolescente concernant son étude des sciences. Pourtant il semble qu'elle fut capable de répondre à des problématiques et des questionnements physiques. Quoi que simples (souvent accouchées des erreurs relative à la pensée de son époque) et construites sur une rhétorique humaniste, ses idées semblent néanmoins se soumettre à la pensée scolastique et il parait clair que Dulcia n'ait jamais osé franchir le pas de s'émanciper des canons religieux. Sans doute est ce là la raison de la rareté de ses écrits en la matière.
Néanmoins, il est désormais reconnu que Dulcia ait eut dès son jeune âge, la possibilité de résoudre par elle même, des problématiques complexes pour son époque.
Di capri dira d'elle : « Dulcia avait à l'âge de seize ans, la propension reconnue à résoudre toute sortes d'énigmes et elle opposait à la naïveté propre à son jeune âge, une capacité à raisonner de façon soigneuse sitôt qu'elle se mettaient à l'ouvrage. Elle pouvait alors rester des jours concentrée sur une même tâche jusqu'à trouver la solution à un problème. »
De ses réflexions scientifiques, il nous restes quelques rares écrits comme l'extrait de cette lettre, écrite en 286, alors que l'adolescente est âgée de dix sept ans.
 
 
 
«  (…) Je réponds ici à l'affirmation que certaines voix m'ont faites concernant la lumière. D'aucuns ont affirmé devant moi, sans la moindre théorie, que la lumière était un élément physique, invisible, qui se déplaçait à vive allure pour venir projeter l'image des objets jusqu'à nos yeux.
Outre le fait que cette affirmation ne soit fondée sur aucune explication logique, elle se heurte elle même aux faits observables et dont la véracité ne peut être remise en cause sans remettre en cause le principe de vérité propre à la perception de notre regard et donc de la logique voulue par Dieu.
Tout d'abord, j'oppose à ces théories que la lumière, tout comme l'ombre, sont des états de la matière. A ces états de la matière s'ajoutent le chaud et le froid, le mouvement et l'immobilisme, le pur ou le profane, la magie et bien sûr les sentiments, qui sont eux communs à la matière sacrée. Ainsi, la lumière et l'ombre, ne peuvent exister physiquement. Elles sont intangibles, ne possèdent aucune propriété physique et ne sont que l'expression de la matière. On dit ainsi d'un objet qu'il est froid ou chaud, immobile ou en mouvement, pur ou souillé, éclairé ou éteint, magique ou quelconque.
L'état d'un objet est la résultante de la réaction de cet objet en présence d'un facteur. Ainsi de la même manière qu'en présence d'une source de chaleur, la matière change d'état pour devenir chaude, en présence d'une source de lumière, la matière change d'état pour s'éclairer. Il faut comprendre par là, que la source dite de lumière provoque l'état éclairé de l'objet. La lumière n'émane pas de sa source, mais c'est bien l'objet qui s'éclaire en présence de son facteur.
 
Ainsi la lumière est un état et n'existe pas en dehors de l'objet qui en subit l'état. Elle est une réaction de l'objet. Elle ne peut donc se déplacer.
Pour mieux en comprendre la raison, on peut ainsi la comparer à d'autres états. La colère qui est elle un sous état du sentiment, altère la matière de l'esprit humain en présence d'un facteur. Ainsi ce facteur engendre la colère et l'esprit s'en trouve altéré. Ici, de la même façon que la lumière, l'esprit qui appartient à la matière sacrée, réagit au facteur induisant la colère. Mais on ne peut dire que la colère émane de son facteur et se déplace jusqu'à l'esprit. Elle n'est juste qu'une réaction de l'esprit.
Aussi en va-t-il de même pour la lumière et tous les états.
La lumière n'émane pas de son facteur pour voyager jusqu'à la matière. C'est simplement la matière qui réagit à son facteur et s'éclaire en présence de la source de lumière.
 
Dès lors ceux qui prétendent que la lumière voyage, vont à l'encontre de l'évidence physique.
Il nous appartient dès lors de leur opposer l'idée juste que toute vérité ne peut émaner de la simple intuition mais doit passer l'épreuve de deux confirmations. La confirmation de l'observation et de la connaissance des choses que nous nommons « Scientia » et la confirmation de son adéquation avec les textes sacrés que nous nommons « Scolastique ».
Les texte sacrés disent « : « Elion est lumière » et ils disent également : « Elion est en toute chose ». Ainsi la lumière d'Elion ne voyage pas de lui jusqu'à nous mais est induite par sa présence en chaque chose. La scolastique ne contredit pas l'état de la lumière comme inhérent à chaque chose. L'état éclairé d'un objet existe par la nature divine des choses qui a pourvut à donner à tout objet la capacité de se révéler ou non.
La scientia quand à elle, nous permet l'observation suivante : Il est communément admis que si nous dévoilons une source de lumière, ceux qui se trouvent près d'elle ne voient pas sa lumière avant ceux qui s'en trouvent éloignés mais tous la voient en même temps.
Ainsi si la lumière de la source apparaît en même temps proche et loin, on peut affirmer qu'elle ne voyage pas.
(...)
Ces deux confirmations, par l'entremise de la scientia et de la scolastique, prouvent que la lumière ne se déplace pas mais bien qu'elle émane de l'état des objets eux même en présence du facteur qui les modifie et les révèle. »
Néron
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Sam 23 Nov - 16:43
   Nuit, des amours ministre et sergente fidèle 
Des arrêts de Venus, et des saintes lois d'elle, 
Qui secrète accompagne 
L'impatient ami de l'heure accoutumée, 
Ô l'aimée des Dieux, mais plus encore aimée 
Des étoiles compagnes,

Nature de tes dons adore l'excellence, 
Tu caches les plaisirs dessous muet silence 
Que l'amour jouissante 
Donne, quand ton obscur étroitement assemble 
Les amants embrassés, et qu'ils tombent ensemble 
Sous l'ardeur languissante.

Lorsque l'amie main court par la cuisse, et ores 
Par les tétins, auxquels ne se compare encore 
Nul ivoire qu'on voie, 
Et la langue en errant sur la joue, et la face, 
Plus d'odeurs, et de fleurs, là naissantes, amasse 
Que I'Orient n'envoie.

C'est toi qui les soucis, et les gênes mordantes, 
Et tout le soin enclos en nos âmes ardentes 
Par ton présent arraches. 
C'est toi qui rends la vie aux vergers qui languissent, 
Aux jardins la rosée, et aux cieux qui noircissent 
Les idoles attaches.

Mais, si te plaît déesse une fin à ma peine, 
Et donte sous mes bras celle qui est tant pleine 
De menaces cruelles. 
Afin que de ses yeux (yeux qui captifs me tiennent) 
Les trop ardents flambeaux plus brûler ne me viennent 
Le fond de mes mouelles.

 

Hinne à la Nuit.[1550]

Pierre de Ronsard
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