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Néron
Néron
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La purification de Behr Empty La purification de Behr

Mer 27 Nov - 23:48
Version Élioniste de l'histoire:



Tout s'était passé dans un petit village nommé Behr. Il avait pris le nom de son fondateur, un géant d'une grande force et d'une grande sagesse. Ces deux qualités équivalaient au moins à son habileté à la chasse, et c'était de celles-ci qu'elle découlait. Il était situé en plein coeur de la forêt. Les environs giboyeux pourvoyaient à leurs besoins, et la rivière leur fournissait une eau claire et fraîche été comme hiver.



Arriva pourtant un jour où les ennemis du royaume de Calphéon, les destructeurs de la lumière, la main des ténèbres, vinrent à s'intéresser à cet endroit tranquille.



Lorsque le coeur du royaume, la cité d'Elion, eut vent de ces ignominies, ce fut de la plus horrible des façons : un garde de Trina se présenta à l'aube sur le parvis de la plus grande église. Tout le monde se précipita à son secours, mais il était gravement blessé. Avant de mourir, les entrailles putréfiées par quelque sort maléfique, il eut le temps dire ceci : c'était Behr qui était maudite, son eau qui était souillée, ses habitants qui étaient rendus fous et malades et ses animaux qui mouraient. Dans sa grâce, Elion inspira à ses plus valeureux guerriers le désir de s'y rendre afin de purifier les lieux.



Ils se retrouvèrent tous peu avant le coucher du soleil sur la route qui menait au village, et attendirent, le regard levé vers le ciel, que la nuit tombe et que les ténèbres se montrent. A peine le soleil avait-il disparu derrière les collines qu'un loup se mit à hurler à la mort, et son cri fut repris par ses compagnons. Les chevaux piaffèrent. On alluma des torches, on alluma des lanternes, et tous poursuivirent la route vers leur destinée.



Il y avait là un prêtre, des gardes de Trina, des Valkyries, des chevaliers de Delphe, et, guidée elle aussi par la main miséricordieuse, une sorcière. Celle-ci était une suivante de Aal, mais elle verrait avant la fin de cette histoire combien Elion était en tout supérieur. Ils ne se connaissaient pas, mais, liés par un même but et guidés par la main de Dieu, ils sauvèrent le village et peut-être le pays tout entier.



Lorsqu'ils arrivèrent en vue du village, l'odeur pestilentielle d'un charnier emplit leurs narines et celles des chevaux. Ils ne reculèrent pas. L'eau de la rivière était sombre et trouble, et lorsqu'un chevalier leva sa torche, tous virent un bras arraché suivre le courant. La lueur des torches illumina le liquide pourpre qui sourdait vicieusement depuis l'amont. Ils furent horrifiés. Ce n'était plus de l'eau qui coulait, mais du sang. Comme pour appuyer la macabre découverte, une lune rouge se leva dans le ciel pour jeter sur la scène des reflets sanglants.



La première chose qu'ils virent en entrant était ce qu'il restait des chevaux des chasseurs du village. Ils avaient été éventrés avec sauvagerie et empilés là de sinistre manière, leurs flancs ouverts laissant voir la pourriture et la corruption des vers qui les rongeaient déjà. La forêt faisait silence en ce lieu : tous les animaux étaient rendus mutiques par la terreur qu'inspiraient ces odeurs et la magie flottant dans l'air. Car il y avait de la magie : alors que les tables étaient encore dressées pour un bon repas, et que des victuailles tentatrices laissées là comme un fait exprès attendaient le groupe des serviteurs de la Lumière, la sorcière déclara :

« Tout ceci n'est qu'illusion. Mangez, et un goût de cendre emplira votre bouche, la folie s'emparera de vos esprits et la maladie de vos entrailles. »



Malgré leurs cris et leurs appels aux survivants, nul ne répondait. Ils virent pourtant des lumières signaler de la vie dans les chaumières. Ils frappèrent aux portes mais nul ne leur ouvrit. Alors le plus grand chevalier du groupe défonça une porte à coups d'épaule, et ils découvrirent une première famille dissimulée dans l'ombre, terrifiée, certaine que c'était la mort qui venait d'ouvrir leur porte pour venir les emporter. Les Valkyries, maternelles et douces, se chargèrent de les rassurer. Ils rassemblèrent les survivants, et l'un d'eux les mena à Behr.



Le géant sortit de sa cabane et jeta sur le groupe un regard qui en disait long sur les souffrances endurées, et il parla. Tandis qu'une partie du groupe l'écoutait, l'autre était partie à la recherche d'indices, concentrée sur les dépouilles des chevaux dont les morceaux d'entrailles épars avaient été disposés en sinistre forme de pentagramme maudit.



Lorsque le groupe se reforma, ils partagèrent leurs informations :

« Nous avons une piste au nord, » affirma le capitaine des gardes de Trina. « Elle nous mènera à ceux qui ont fait cela. »

« Le chasseur nous a indiqué que la rivière avait été la première manifestation des troubles de cette ville, » affirma le lieutenant des chevaliers de Delphe. « Il nous faut remonter jusque là. »



C'est ainsi que le groupe se scinda en deux. Les Valkyries prirent place auprès des deux unités, et contre toute attente des chevaliers de Delphe accompagnèrent les gardes de Trina et des membres de la garde de Trina vinrent rejoindre le groupe des chevaliers de Delphe. L'heure n'était plus aux querelles entre armées car Elion guidait leurs gestes et faisait battre leurs coeurs à l'unisson. Des hommes partirent vers le nord et d'autres remontèrent la rivière.



Leurs silhouettes se découpaient sur les fourrés, dessinées-là par la lumière des torches et des lanternes qu'ils portaient. Le prêtre qui était venu avec les chevaliers de Trina remonta la rivière avec le groupe qu'il venait de rejoindre. Ce fut lui qui offrit les derniers sacrements au chasseur dont ils trouvèrent la dépouille, sinistrement abandonnée au milieu d'un pont tel un avertissement de quelque divinité maléfique. Son corps était couvert de traces de griffes et de crocs trop grosses pour être l'oeuvres d'une simple bête Lorsqu'ils arrivèrent là, les loups hurlèrent de nouveau. Alors qu'ils découvraient un monceau de cadavres polluant la source de la rivière, l'elfe, agile et vive, s'aventura au bord du précipice pour  trouver un médaillon de facture orque, de corde tressée et orné grossièrement d'une langue humaine. Il était pendu au-dessus de la source et des cadavres, signalant par sa présence quelque intention malveillante. L'une des Valkyries, qui était aussi une elfe, était silencieuse. Elle écoutait les loups au loin, et leurs halètements et le battement de leurs coeurs lui disaient qu'ils attendaient l'assaut. Elle écoutait les arbres et la forêt les suppliait de mettre fin à cette folie.

Comme si la supplique avait sonné l'assaut, des cris de fureur bestiale rententirent, mais certains semblaient plus humains cette fois. Les loups répondirent en hurlant. La bataille faisait rage, et tous s'élancèrent en direction du combat. Ils entendaient plus loin des halètements frénétiques, des gémissements de douleur et des grognements de rage.

La Valkyrie qui avait entendu la forêt dépassa tout le monde, aidée en cela par la puissante magie dont Elion lui avait fait la grâce. Elle bondit au coeur de la mêlée. Ils étaient des dizaines, et les mouvements qui agitaient les deux fronts étaient semblables au éclats des vagues qui roulent et prennent de l'ampleur jusqu'à s'écraser contre une falaise.

La bataille se tenait au coeur de ruines anciennes. Un jour peut-être plus proche qu'ils le croyaient, des épieux avaient été dressés pour repousser les attaques. Ce ne pouvait cependant être celui-ci : couverts de marques de morsures, grognant plus férocement qu'un chien enragé, la bave aux lèvres et le regard furieux, les humains semblaient n'avoir jamais été capables de le faire. L'elfe du groupe, une archère, sauta sur les barricades et encocha une flèche. L'une des silhouettes qui n'avait d'humain que sa station sur deux jambes s'effondra.



« Ces hommes sont maudits ! »



A ces paroles, un vent de mort souffla sur les ruines, comme si la mort du loup-garou et l'avertissement de l'elfe avaient réveillé la colère du mal et qu'il engageait cette fois toutes ses forces dans la bataille qui se déroulait. Les torches et les lanternes furent soufflées par le vent glacé insufflé par les ombres. Les ténèbres tentaient d'étrangler de leurs doigts l'éclat de la Lumière. Mais Elion était avec eux, et lorsque le prêtre leva haut sa lanterne, elle brilla plus violemment qu'elle avait jamais brillé. La croix de lumière dorée que jetait le vitrail de celui-ci sur le sol semblait palpiter et prendre de l'ampleur tandis que la lumière se faisait dans l'esprit du groupe, et qu'enfin leurs yeux distinguaient la vérité : les chasseurs n'avaient plus rien d'humain. Une fourrure rasée par les coups de griffes et de crocs avait envahi leur muffle, et ils se battaient comme des animaux. Ils étaient devenus des bêtes, des loup-garou.

Tous se précipitèrent au secours de la Valkyrie. Le prêtre, seul, et l'archère, restaient en retrait. La sorcière incanta des sorts qui firent trembler la terre et tomber le feu sur les ennemis d'Elion. Le prêtre accompagna le combat de paroles sacrées, repoussant les loups de sa seule présence, et à chaque instant augmentait la lumière qui émanait de lui. Bientôt, elle embrasa même les flèches que l'efle décochait et des traits de lumière fusaient dans le noir en brûlant l'affreuse fourrure tachée de sang de ceux qu'ils atteignaient. Les deux Valkyries scandaient aussi, en parfaite synchronisation, l'incantation d'un bouclier.

Le lieutenant des chevaliers de Delphe tuait et repoussait vaillamment les monstres qu'ils reculaient pouce à pouce, protégeant les Valkyries et la sorcière qui incantaient, alternant les coups d'épée qui tranchaient des membres et ceux qui, du bouclier, envoyaient au loin les loups-garous trop hardis qui voulaient mordre ses compagnes. Il lui sembla un moment que la sorcière allait être débordée et il se jeta devant elle, tuant d'un coup deux des trois adversaires qui avaient bondi en même temps. Le troisième s'écroula aux pieds de la sorcière, frappé par une force invisble : sortie violemment de sa transe par la morsure qu'il lui avait infligé à l'épaule, elle avait jeté sur lui le sort qu'elle destinait aux autres. Il fut suivi par la Valkyrie lorsqu'il les forca à monter jusqu'au plus haut plateau des ruines en les repoussant impitoyablement. Leurs épées faisaient couler le sang, leurs boucliers écrasaient des os. Des cadavres passaient par-dessus les murs de l'enceinte, une flèche plantée dans le coeur ou dépassant du sommet de leur crâne. Leur hampes brillaient d'un feu blanc, et tandis que la vie quittait les malheureux ce feu combattait les volutes noirs qui s'échappaient de leur bouche maudite.



Le silence retomba sur la forêt. On n'entendait plus que la respiration saccadée des combattants. Les loups étaient partis. Ceux qui étaient montés combattre en haut du plateau se trouvaient au centre d'un cercle de corps sans vie. Le reste du groupe les rejoignit et chacun se recueillit. Alors qu'ils rassemblaient les corps pour que le prêtre puisse leur offrir une oraison funèbre et un espoir de rejoindre Elion en paix, la sorcière s'arrêta. Elle avait découvert le corps d'une enfant qui n'avait pas encore atteint sa cinquième année. Son corps était couvert des marques de malédiction qui s'était emparée des hommes qui auraient dû la protéger, mais même les pires ténèbres n'avaient su venir à bout de son innocence et la corrompre. Elle était toujours humaine. Le prêtre s'apprêtait à enflammer ses petits vêtements aux côtés de tout les autres, mais le lieutenant l'enveloppa dans sa cape en disant :

« Nous ne pouvons pas la laisser ici. »



Le prêtre prononça les paroles sacrées et répandit l'huile et l'eau bénite sur les corps. Lorsque le feu sacré d'Elion les toucha, ils reprirent forme humaine. Leurs visages semblaient enfin apaisés, et tout le monde se signa. Tout le monde, sauf la sorcière. Elle n'avait jusque-là pas oublié la morsure qu'elle avait reçu au bras mais devant tant de symboles de piété véritable le mal se fit plus terrible encore et elle tomba à la renverse, combattant vaillamment la noirceur qui tentait de prendre possession de son esprit et de la forcer à tuer ses compagnons. Le prêtre se rendit à son chevet alors qu'on examinait sa plaie : c'était l'oeuvre d'un loup-garou. Elle résistait en haletant. Son impiété l'avait rendue fragile devant les artifices de la malédiction et, ne bénéficiant pas comme les autres de la bénédiction d'Elion, elle risquait de sombrer dans l'ombre, hors de Sa portée. Pourtant, bien qu'elle s'entêtât à l'ignorer, elle était fille d'Elion et Dieu lui accordait sa protection comme à tous ses enfants, et c'était lui qui inspirait chaque geste de miséricorde qu'elle avait pour ses semblables. Le prêtre vit à son teint qu'elle était valencienne, aussi l'exhorta-t-il à implorer la grâce d'Elion. Elle s'y refusa. Tous suspendirent leur souffle alors que le prêtre, souriant de bonté, priait pour elle comme il l'aurait fait pour toute âme en souffrance. Dieu est amour, et lorsque le prêtre toucha la plaie, tous virent le mal en être chassé d'un éclat de lumière.

« Vous reviendrez à lui, mon enfant, car Elion vous aime et qu'il vous pardonnera lorsque vous comprendrez vos erreurs et vous repentirez. »

Un concert de battements d'ailes ponctua sa phrase, et les loups hurlèrent de nouveau. Leurs cris n'étaient plus menaçants cette fois, et les milliers de corbeaux qui se rassemblaient dans le ciel tournoyaient au-dessus d'eux. L'archère sourit au groupe, car elle était une elfe qui entendait leur voix :

« La forêt nous envoie ses bêtes et Kamasilve nous remercie. Elion a purgé le mal des terres qu'elle n'a pu protéger sans sa Lumière. »





Alors qu'ils cheminaient en direction de Behr, touchés par la grâce d'Elion qui avait permis leur victoire mais le coeur lourd devant tant de victimes, la plus jeune valkyrie, qui avait un oeil perçant, remarqua un objet brillant dans les fourrés. Elle s'éloigna en trois pas souples et se mouvait avec tant d'aisance que les grossiers pièges de corde sur son passage remontèrent dans le vide. Lorsqu'elle écarta le feuillage, elle découvrit un coffre d'or. Et lorsqu'elle l'ouvrit, elle vit comme il était rempli de pièces du même métal. Elle se signa et remercia Dieu, puis souleva le coffre et rejoint ses compagnons.

Elle seule avait su le voir, car bien que l'amour de Dieu les accompagnât tous et qu'ils soient pénitents, leurs yeux étaient chargés de l'expérience des ans et aveugles aux miracles comme le sont parfois ceux qui ont trop vécu. Ils surent alors que ce présent était un don de Dieu au village de Behr, mais également à leur attention : Il manifestait Sa Divine présence et leur rappelait que toujours il veillait sur ses enfants.

Ils se remirent en route avec une Foi plus éclatante que jamais, confiants dans leurs coeurs : d'une façon où d'une autre, Elion prenait soin de ses enfants. S'ils avaient été là ce soir, ce n'était pas envoyés par un ordre mais réunis par la volonté de Dieu et ils avaient triomphé de l'épreuve qu'on leur avait imposé.



Behr prit à leur arrivée soin du petit ballot de laine au coeur duquel se trouvait la dépouille d'un être pur. Il déclara qu'elle serait enterrée aux côtés de ses parents. Ce n'est qu'après en avoir disposé comme il se devait qu'il revint, et il accepta le coffre que le groupe lui tendait. Il leur semblait à tous évident que cet or s'était trouvé-là pour permettre au village de panser ses blessures.



Ils partagèrent leurs provisions avec les gens du village, qui n'avaient pu manger ni boire depuis des jours en raison de la corruption profonde qui s'était logée -là. Leur silence était lourd : ils attendaient l'autre groupe.



Pendant que le premier groupe se battait encore au coeur des ruines et tâchait d'endiguer les effets de la corruption, les compagnons menés par le capitaine de Trina remontaient la piste jusqu'à sa cause. Du sang dans les fourrés, de la fourrure abandonnée, ils finirent par arriver au beau millieu d'une cuvette de grande taille, au fond duquel se tenait un arbre gigantesque. Et au milieu de celle-ci, trois hérétiques humains scandaient des malédictions, agenouillés dans l'herbe. Face à eux se dressait un ogre aussi large que le tronc ancien de l'arbre, et presque aussi haut.



Les Valkyries bondirent et chargèrent, frappant cultistes et ogre à la fois de leurs lances de pure lumière, jetant des traits éclatants à travers la nuit sombre. Dans la clarté qu'elles dispensaient au lieu, leurs gestes étaient flous et alertes. Les soldats se joignirent à la bataille. Et l'un d'eux vit ce que le corps de l'ogre avait dissimulé. C'était un orc affreux, à la peau rouge et au faciès déformé par la haine, son corps couvert de macabres ornements et de peintures magiques de mauvais augure. Il n'eut que le temps de bondir devant une Valkyrie : l'orc venait d'achever l'incantation de son sortilège, la foudre frappa. Trois éclairs frappèrent la terre au même moment, faisant trembler la cuvette et assourdissant les combattants. Le quatrième frappa à l'endroit où s'était tenue la Valkyrie, mais ce fut le soldat qui reçut la charge. En un instant, les autres gardes de Trina déployèrent des chaînes qui vinrent s'enrouler autour des poignets de l'orc et tendirent ses bras dans des direction opposées. Le capitaine bondit et jeta l'orc à terre. Au même moment, l'ogre balaya l'air de ses bras, cherchant à atteindre les Valkyries qui s'acharnaient sur lui et piquaient douloureusement sa peau. Sa fureur était décuplée par la fin qu'il sentait proche. Les lances s'enfonçaient dans ses hanches, dans ses chevilles, dans ses genoux. Une Valkyrie parvint à entamer la peau dure de sa gorge d'un coup d'épée, mais à peine l'épée s'était-elle enfoncée dans la chair que sa propriétaire avait été cueillie au ventre par un poing monstrueux. Elle vola jusqu'au bord de la cuvette, désarmée. C'était là le dernier éclat de l'ogre : profitant de son inattention, le reste des Valkyries frappa de nouveau à ses genoux. Il tomba. Le capitaine qui tenait les chaînes en compagnie de ses soldats vit l'épée toujours fichée dans les replis du cou du monstre et s'élança. L'ogre se tourna tout à fait vers lui au cri qu'il poussa, et la dernière chose que virent ses yeux étaient le pavois du capitaine. Sa tête roula au sol et l'épée qui avait tranché sa gorge aussi nettement qu'une hache le cou d'un poulet retomba près de sa propriétaire.



L'orc grondait et tentait de cracher ses malédictions, mais les Valkyries le réduisirent au silence. On le lia plus étroitement. Bien qu'il se soit débattu comme un beau diable, les servants d'Elion étaient nombreux et déterminés.

Le groupe rentra au village et présenta la source de leurs maux aux villageois. Les yeux des chasseurs étaient embués. En quelques heures, Elion avait par ses envoyés rendu à leur vie sa sécurité et sa dignité et les avait débarrassés du mal qui hantait les lieux. Ils reçurent tous les remerciements du village avec humilité, bien conscients dedans leur coeur que la main de Dieu les avait guidés et protégés tout au long de la soirée.



Lorsqu'il fut interrogé, l'orc confessa ses péchés. Il admit ses intentions et ses actes, et supplia le prêtre de lui donner une chance d'être purifié aux yeux d'Elion. Bien qu'il s'agisse d'une bête, le prêtre lui rappela qu'Elion était amour et fit ce qui était en son pouvoir pour lui accorder son voeu.

Pour ses crimes, il mourut en place publique et de son corps purifié par le feu, les fidèles savaient qu'une âme s'élèverait pour rejoindre Dieu en son Paradis.

Comme les servants de la Lumière l'avaient promis, le calme revint à Behr. On leur fit porter des provisions et de l'eau depuis Trent mais, très vite, l'eau coulant de la source fut de nouveau claire et le gibier revint dans cette partie de la forêt.
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Mer 27 Nov - 23:48
Version populaire de l'histoire :



Au fil des soirées, les histoires s'envolent et leurs héros découvrent qu'on leur prête des ailes, et le courage du lion, l'admiration des belles. Qui pourrait démêler le faux du vrai dès lors que la légende s'est inscrite dans le marbre et que ce qui fut n'est plus ce qui était ? On entend dire bien des choses, dont la moitié est vraie. Amputés de leurs défauts, ainsi, je vous présente, une histoire de courage qui s'est bien déroulée. Les pauvres drôles plus bas se verront dépassés par les couronnes qu'on tresse aux héros valeureux, et riant tous sous cape ils remercient tous ceux qui, racontant l'histoire ont laissé de côté les erreurs burlesques et les mots mal pesés. L'oeil éclairé verra sans doute là où la plume supprimant un faux pas en fit une fortune, et l'épopée prend vie dans le terreau fertile que sont Foi et envie de louer le divin. Écarquillez les yeux, admirez le courage, et si vous êtes malins, venez rire avec moi : dans ce qu'on vous dira - c'est ma main que je gage - résident toutes les preuves qu'ils étaient bien des hommes.





Tout s'était passé dans un petit village nommé Behr. Il avait pris le nom de son fondateur, un géant d'une grande force et d'une grande sagesse. Ces deux qualités équivalaient au moins à son habileté à la chasse, et c'était de celles-ci qu'elle découlait. Il était situé en plein coeur de la forêt. Les environs giboyeux pourvoyaient à leurs besoins, et la rivière leur fournissait une eau claire et fraîche été comme hiver.

Arriva pourtant un jour où les ennemis du royaume de Calphéon, les destructeurs de la lumière, la main des ténèbres, vinrent à s'intéresser à cet endroit tranquille.

Lorsque le coeur du royaume, la cité d'Elion, eut vent de ces ignominies, ce fut de la plus horrible des façons : un garde de Trina se présenta à l'aube sur le parvis de la plus grande église. Tout le monde se précipita à son secours, mais il était gravement blessé. Avant de mourir, les entrailles putréfiées par quelque sort maléfique, il eut le temps dire ceci : c'était Behr qui était maudite, son eau qui était souillée, ses habitants qui étaient rendus fous et malades et ses animaux qui mouraient. Dans sa grâce, Elion inspira à ses plus valeureux guerriers le désir de s'y rendre afin de purifier les lieux.

Ils se retrouvèrent tous peu avant le coucher du soleil sur la route qui menait au village, et attendirent, le regard levé vers le ciel, que la nuit tombe et que les ténèbres se montrent. A peine le soleil avait-il disparu derrière les collines qu'un loup se mit à hurler à la mort, et son cri fut repris par ses compagnons. Les chevaux piaffèrent. On alluma des torches, on alluma des lanternes, et tous poursuivirent la route vers leur destinée.

Il y avait là un prêtre, des gardes de Trina, des Valkyries, des chevaliers de Delphe, et, guidée elle aussi par la main miséricordieuse, une sorcière. Celle-ci était une suivante de Aal, mais malgré ses erreurs son coeur était pur et elle ne pouvait accepter que les ténèbres frappent des innocents. Ils ne se connaissaient pas, mais, liés par un même but et guidés par la main de Dieu, ils sauvèrent le village et peut-être le pays tout entier.

Lorsqu'ils arrivèrent en vue du village, l'odeur pestilentielle d'un charnier emplit leurs narines et celles des chevaux. Ils ne reculèrent pas. L'eau de la rivière était sombre et trouble, et lorsqu'ils regardèrent plus près, ils virent un bras suivre le courant sans son propriétaire. L'heure était grave.

La première chose qu'ils virent en entrant était ce qu'il restait des chevaux des chasseurs du village. Ils avaient été éventrés avec sauvagerie et empilés là de sinistre manière, leurs flancs ouverts laissant voir la pourriture et la corruption des vers qui les rongeaient déjà. La forêt faisait silence en ce lieu : tous les animaux étaient rendus mutiques par la terreur qu'inspiraient ces odeurs et la magie flottant dans l'air. Car il y avait de la magie : alors que les tables étaient encore dressées pour un bon repas, et que les victuailles tentatrices attendaient le groupe des serviteurs de la lumière, la sorcière déclara :
« Tout ceci n'est qu'illusion. Mangez, et vous aurez dans votre bouche le goût de la pourriture qu'est réellement cette nourriture. »

Malgré leurs cris et leurs appels aux survivants, nul ne répondait. Ils virent pourtant des lumières signaler de la vie dans les chaumières. Ils frappèrent aux portes mais nul ne leur ouvrit. Alors la sorcière décida d'enfoncer la porte, et ils découvrirent une première famille dissimulée dans l'ombre, terrifiée, certaine que c'était la mort qui venait d'ouvrir leur porte pour venir les emporter. Les Valkyries se chargèrent de les rassurer. Ils rassemblèrent les survivants, et l'un d'eux les mena à Behr.

Le géant n'était pas dissimulé, et il parla. Tandis qu'une partie du groupe l'écoutait, l'autre était partie à la recherche d'indices, concentrée sur les dépouilles des chevaux qui n'étaient pas disposées ainsi par hasard.

Lorsque le groupe se reforma, ils partagèrent leurs informations :
« Nous avons une piste au nord, » affirma le capitaine des gardes de Trina. « Elle nous mènera à ceux qui ont fait cela. »
« Le chasseur nous a indiqué que la rivière avait été la première manifestation des troubles de cette ville, » affirma le lieutenant des chevaliers de Delphe. « Il nous faut remonter jusque là. »

C'est ainsi que le groupe se scinda en deux. Les Valkyries prirent place auprès des deux unités, et contre toute attente des chevaliers de Delphe accompagnèrent les gardes de Trina et des membres de la garde de Trina vinrent rejoindre le groupe des chevaliers de Delphe. L'heure n'était plus aux querelles entre armées car Elion guidait leurs gestes et faisait battre leurs coeurs à l'unisson. Des hommes partirent vers le nord et d'autres remontèrent la rivière.

Leurs silhouettes se découpaient sur les fourrés, dessinées-là par la lumière des torches et des lanternes qu'ils portaient. Le prêtre qui était venu avec les chevaliers de Trina remonta la rivière avec le groupe qu'il venait de rejoindre. Ce fut lui qui offrit les derniers sacrements au chasseur dont ils trouvèrent la dépouille, sinistrement abandonnée au milieu d'un pont tel un avertissement de quelque divinité maléfique. Lorsqu'ils arrivèrent là, les loups hurlèrent de nouveau. Alors qu'ils découvraient un monceau de cadavres polluant la source de la rivière, l'un des membres du groupe trouva un médaillon de facture orque, de corde tressée et orné grossièrement d'une langue humaine. Il était pendu au-dessus de la source et des cadavres, signalant par sa présence quelque intention malveillante. A nouveau des cris de fureur bestiale retentirent, mais ils étaient cette fois accompagnés de grognements humains. La bataille semblait faire rage entre des loups et des hommes, et tous s'élancèrent en direction du combat. Ils entendaient plus loin des halètements frénétiques, des gémissements de douleur et des grognements de rage. L'une des deux Valkyries dépassa tout le monde, aidée en cela par la puissante magie dont Elion lui avait fait la grâce. Elle bondit au coeur de la mêlée entre loups et humains. Ils étaient des dizaines, et les mouvements qui agitaient les deux fronts étaient semblables au éclats des vagues qui roulent et prennent de l'ampleur jusqu'à s'écraser contre une falaise. La bataille se tenait au coeur de ruines anciennes. Un jour peut-être plus proche qu'ils le croyaient, des épieux avaient été dressés pour repousser les attaques. Ce ne pouvait cependant être celui-ci : couverts de marques de morsures, grognant plus férocement qu'un chien enragé, la bave aux lèvres et le regard furieux, les humains semblaient n'avoir jamais été capables de le faire. L'elfe du groupe sauta sur les barricades et encocha une flèche. L'un des humains s'effondra. Tous se précipitèrent auprès de la Valkyrie. Le prêtre, seul, et l'archère, restaient en retrait. La sorcière incanta des sorts qui firent trembler la terre et tomber le feu sur les ennemis d'Elion. Le prêtre accompagna le combat de paroles sacrées, repoussant les loups à la seule lumière de sa lanterne. Les deux Valkyries scandaient aussi, en parfaite synchronisation, l'incantation d'un bouclier. Le lieutenant des chevaliers de Delphe tuait et repoussait les hommes fous vaillamment tandis que les loups commençaient à reculer. Il fut suivi par la Valkyrie lorsqu'il les forca à monter jusqu'au plus haut plateau des ruines. Leurs épées faisaient couler le sang, leurs boucliers écrasaient des os. Des cadavres passaient par-dessus les murs de l'enceinte, une flèche plantée dans le coeur ou dépassant du sommet de leur crâne.

Le silence se fit sur la forêt. On n'entendait plus que la respiration saccadée des combattants. Les loups étaient morts ou en fuite, et ceux qui étaient montés se trouvaient au centre d'un cercle de corps sans vie. Le reste du groupe les rejoignit et chacun se recueillit. Alors qu'ils rassemblaient les corps pour que le prêtre puisse leur offrir une oraison funèbre et un espoir de rejoindre Elion en paix, la sorcière s'arrêta. Elle avait découvert le corps d'une enfant qui n'avait pas encore atteint sa cinquième année. Son corps était couvert des marques de la fureur animale qui s'était emparée des hommes qui auraient dû la protéger. Le prêtre s'apprêtait à enflammer ses petits vêtements aux côtés de tout les autres, mais le lieutenant l'enveloppa dans sa cape en disant :
« Nous ne pouvons pas la laisser ici. »

Alors qu'ils cheminaient en direction de Behr, touchés par la grâce d'Elion qui avait permis leur victoire mais le coeur lourd devant tant de victimes, la plus jeune valkyrie, qui avait un oeil perçant, remarqua un objet brillant dans les fourrés. Elle s'éloigna en trois pas souples et se mouvait avec tant d'aisance que les grossiers pièges de corde sur son passage remontèrent dans le vide. Lorsqu'elle écarta le feuillage, elle découvrit un coffre d'or. Et lorsqu'elle l'ouvrit, elle vit comme il était rempli de pièces du même métal. Elle se signa et remercia Dieu, puis souleva le coffre et rejoint ses compagnons. Ils estimèrent tous qu'il s'agissait là d'un geste d'Elion. Behr prit à leur arrivée soin du petit ballot de laine au coeur duquel se trouvait la dépouille d'un être pur. Il déclara qu'elle serait enterrée aux côtés de ses parents. Ce n'est qu'après en avoir disposé comme il se devait qu'il revint, et il accepta le coffre que le groupe lui tendait. Il leur semblait à tous évident que cet or s'était trouvé-là pour permettre au village de panser ses blessures.

Ils partagèrent leurs provisions avec les gens du village, qui n'avaient pu manger ni boire depuis des jours en raison de la corruption profonde qui s'était logée -là. Leur silence était lourd : ils attendaient l'autre groupe.

Pendant que le premier groupe se battait encore au coeur des ruines et tâchait d'endiguer les effets de la corruption, les compagnons menés par le capitaine de Trina remontaient la piste jusqu'à sa cause. Du sang dans les fourrés, de la fourrure abandonnée, ils finirent par arriver au beau millieu d'une cuvette de grande taille, au fond duquel se tenait un arbre gigantesque. Et au milieu de celle-ci, trois hérétiques humains scandaient des malédictions, agenouillés dans l'herbe. Face à eux se dressait un ogre aussi large que le tronc ancien de l'arbre, et presque aussi haut.

Les Valkyries bondirent et chargèrent, frappant cultistes et ogre à la fois de leurs lances de pure lumière, jetant des traits éclatants à travers la nuit sombre. Dans la clarté qu'elles dispensaient au lieu, leurs gestes étaient flous et alertes. Les soldats se joignirent à la bataille. Et l'un d'eux vit ce que le corps de l'ogre avait dissimulé. C'était un orc affreux, à la peau rouge et au faciès déformé par la haine, son corps couvert de macabres ornements et de peintures magiques de mauvais augure. Il n'eut que le temps de bondir devant une Valkyrie : l'orc venait d'achever l'incantation de son sortilège, la foudre frappa. Trois éclairs frappèrent la terre au même moment, faisant trembler la cuvette et assourdissant les combattants. Le quatrième frappa à l'endroit où s'était tenue la Valkyrie, mais ce fut le soldat qui reçut la charge. En un instant, les autres gardes de Trina déployèrent des chaînes qui vinrent s'enrouler autour des poignets de l'orc et tendirent ses bras dans des direction opposées. Le capitaine bondit et jeta l'orc à terre. Au même moment, l'ogre balaya l'air de ses bras, cherchant à atteindre les Valkyries qui s'acharnaient sur lui et piquaient douloureusement sa peau. Sa fureur était décuplée par la fin qu'il sentait proche. Les lances s'enfonçaient dans ses hanches, dans ses chevilles, dans ses genoux. Une Valkyrie parvint à entamer la peau dure de sa gorge d'un coup d'épée, mais à peine l'épée s'était-elle enfoncée dans la chair que sa propriétaire avait été cueillie au ventre par un poing monstrueux. Elle vola jusqu'au bord de la cuvette, désarmée. C'était là le dernier éclat de l'ogre : profitant de son inattention, le reste des Valkyries frappa de nouveau à ses genoux. Il tomba. Le capitaine qui tenait les chaînes en compagnie de ses soldats vit l'épée toujours fichée dans les replis du cou du monstre et s'élança. L'ogre se tourna tout à fait vers lui au cri qu'il poussa, et la dernière chose que virent ses yeux étaient le pavois du capitaine. Sa tête roula au sol et l'épée qui avait tranché sa gorge aussi nettement qu'une hache le cou d'un poulet retomba près de sa propriétaire.

L'orc grondait et tentait de cracher ses malédictions, mais les Valkyries le réduisirent au silence. On le lia plus étroitement. Bien qu'il se soit débattu comme un beau diable, les servants d'Elion étaient nombreux et déterminés.
Le groupe rentra au village et présenta la source de leurs maux aux villageois. Les yeux des chasseurs étaient embués. En quelques heures, Elion avait par ses envoyés rendu à leur vie sa sécurité et sa dignité et les avait débarrassés du mal qui hantait les lieux. Ils reçurent tous les remerciements du village avec humilité, bien conscients dedans leur coeur que la main de Dieu les avait guidés et protégés tout au long de la soirée.

Lorsqu'il fut interrogé, l'orc confessa ses péchés. Il admit ses intentions et ses actes, et supplia le prêtre de lui donner une chance d'être purifié aux yeux d'Elion. Bien qu'il s'agisse d'une bête, le prêtre lui rappela qu'Elion était amour et fit ce qui était en son pouvoir pour lui accorder son voeu.
Pour ses crimes, il mourut en place publique.
Comme les servants de la Lumière l'avaient promis, le calme revint à Behr.  







Ainsi finit l'histoire et nos héros d'un soir s'en revinrent à leurs vies bien rangées. Moi je vous l'ai donnée telle que l'on me l'a dite : mais je vais à la source, et mon seul mérite sera de vous conter un jour si Dieu le veut qui étaient ces gens-là et s'ils étaient si preux.
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